Une équipe européenne a découvert un procédé pour produire facilement une «molécule géante» potentiellement capable de bloquer le virus Ebola qui a fait plus de 11 000 morts en Afrique de l'Ouest, selon un article publié lundi dans la revue Nature Chemistry.

«Nous avons fait sauter un verrou important, celui de la production d'une mégamolécule» qui pourrait empêcher le virus Ebola de pénétrer dans les cellules, explique le biochimiste Jean-François Nierengarten, l'un des responsables de cette recherche conduite en France, Espagne et Belgique.

Des tests in vitro ont montré que cette molécule était capable de se «coller très fortement» au récepteur utilisé par le virus tueur pour pénétrer dans les cellules du corps humain et ainsi d'inhiber l'infection, explique à l'AFP celui qui dirige le Laboratoire de Chimie des Matériaux Moléculaires de l'Université de Strasbourg et du CNRS.

«C'est une étude in vitro et nous n'avons pas encore testé cette famille de mégamolécules in vivo. C'est la prochaine étape», commente-t-il, ajoutant que les essais n'ont montré pour l'instant «aucune toxicité» de la molécule mise au point.

Certains virus comme Ebola utilisent un récepteur présent sur la surface de la cellule pour s'y coller et ensuite y pénétrer.

Une des stratégies antivirales est d'utiliser une molécule inoffensive, mais capable de se coller fortement sur la cellule «à la manière d'un Velcro» pour empêcher le virus d'y entrer.

«Un problème majeur de cette approche est la préparation de molécules de ce type. Celle-ci est fastidieuse et il est difficile de produire ces molécules à l'échelle du gramme», explique le chercheur.

Ces travaux montrent qu'il est désormais possible de «produire facilement» ces molécules complexes.

Mais avant le développement d'un traitement contre Ebola (et aussi contre d'autres virus comme celui du sida ou de la dengue qui utilisent les mêmes techniques d'accrochage), il reste «beaucoup d'étapes à franchir», selon Jean-François Nierengarten.

Cette recherche a été conduite par des chimistes de l'Université de Strasbourg et du CNRS en collaboration avec l'Université Complutense à Madrid, celle de Séville en Espagne et de Namur en Belgique.

L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest --la plus grave depuis l'identification du virus en 1976-- a fait en Sierra Leone, au Liberia et en Guinée environ 11 300 morts depuis la fin 2013 pour environ 27 500 personnes contaminées.

Le Liberia a été déclaré libre de contagion début septembre et la Sierra Leone devrait être déclarée samedi à son tour exempte de contamination après 42 jours sans nouveau cas.