La présence de niveau élevé d'arsenic dans le riz a été associée pour la première fois à des lésions d'ordre génétique chez l'homme dans une étude menée en Inde, alors qu'on s'interroge de plus en plus sur la présence dans le riz de ce toxique souvent repéré dans l'eau.

«C'est la première fois qu'a été démontré un lien entre la consommation de riz comportant de l'arsenic et des dommages génétiques», a dit le Pr David Polya qui dirige l'équipe de l'université britannique de Manchester qui a conduit l'étude avec l'institut indien CSIR-IICB.

L'arsenic est un «contaminant courant» qui apparaît de manière naturelle (d'origine géologique) ou par la pollution humaine et «l'alimentation est la principale source d'exposition à l'arsenic» pour l'homme, selon l'Efsa, Autorité européenne de sûreté des aliments.

«En tant que tel, cela justifie les préoccupations croissantes exprimées par l'EFSA et par d'autres sur le niveau adéquat de la réglementation sur l'arsenic dans le riz», ajoute-t-il dans un communiqué.

Pour cette étude publiée dans Scientific reports (revue du groupe Nature), on a déterminé la concentration en arsenic dans l'urine de 417 volontaires de la région indienne du Bengale-occidentale, ainsi qui la concentration en «micronoyaux» considérés comme révélatrice de lésions chromosomiques, dommages potentiellement associés à l'apparition de cancers.

Les personnes testées consommaient de 540 à 600 grammes de riz par jour, contenant des concentrations variables d'arsenic.

Les résultats montrent une «corrélation forte» entre la concentration en arsenic du riz consommé et la teneur en arsenic des urines du consommateur, selon l'étude.

Les personnes consommant les riz les plus chargés en arsenic (plus de 200 microgrammes d'arsenic par kilo de riz) montraient aussi «une fréquence significativement plus élevée de micronoyaux», signes de «lésions génétiques».

«Ces résultats ont une implication significative pour les gens qui consomment de grandes quantités de riz», commente pour l'AFP, un expert indépendant, Parvez Haris de l'Université britannique De Montfort à Leicester.

Mais il sera important à l'avenir d'étudier d'autres populations, avec des habitudes alimentaires différentes, et d'utiliser d'autres techniques pour «évaluer les effets génotoxiques» de l'arsenic, souligne-t-il.

«Il ne faut pas pour autant arrêter de manger du riz. Une étude que nous avons menée à l'Université De Montfort a révélé que certaines variétés de riz parfumé du Bangladesh étaient très pauvres en arsenic», a ajouté l'expert.

Mais il n'existe «malheureusement» toujours pas d'obligation à montrer sur les paquets de riz sa concentration en arsenic, a déclaré le chercheur.

L'autorité américaine de régulation de l'alimentation et des médicaments FDA a analysé l'an passé le contenu en arsenic de 200 échantillons de riz et produits à base de riz pour trouver des concentrations très variables, ce qui l'a incité à poursuivre ses investigations.

En attendant, la FDA n'a pas lancé d'alerte, mais recommandé «d'avoir un régime alimentaire varié avec une grande variété de céréales».