La manque de fonds pour donner des antiviraux à tous les malades infectés par le virus du sida dans les pays pauvres entrave le nouvel espoir d'en finir avec la pandémie, ont regretté les participants à la 19e conférence mondiale sur la maladie réunie depuis dimanche à Washington.

«Il est clair que même si on optimise au mieux la façon de faire ce travail, les fonds ne seront pas suffisants pour traiter toutes les personnes qui auront besoin de traitement», a déclaré lundi Bill Gates, co-créateur de Microsoft et co-président de sa fondation «Bill and Melinda Gates», lors d'une session à la conférence à laquelle participent jusqu'au 27 septembre quelque 25 000 personnes venues de 190 pays.

«Nous vivons actuellement dans une période d'une incroyable incertitude quant au fait de savoir comment maintenir de solides financements», a-t-il jugé.

Et malgré les progrès importants accomplis pour accroître le nombre de personnes traitées dans les pays à revenus bas et intermédiaires --plus de huit millions selon l'Onusida sur les 15 millions contaminées par le VIH--, le sida ne pourra pas être vaincu par ces antiviraux seuls, a également estimé Bill Gates.

Pour lui, «il faudra plus de moyens de prévention dont surtout un vaccin pour mettre fin au sida et personne ne devrait penser que nous avons déjà les outils pour cela.»

«Nous les aurons seulement si nous maintenons le cap en termes d'investissements scientifiques», a insisté le milliardaire dont la fondation s'est engagée à fournir plus de 2,5 milliards de dollars de donations pour la lutte contre le sida. A cela s'ajoute au moins 1,4 milliard pour le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

«Financements innovants»

Même message du Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut américain des allergies et des maladies infectieuses selon qui «mettre fin à la pandémie du sida est un énorme défi à multiples facettes», tout en soulignant néanmoins que «c'est faisable».

«Mais cela requérra la poursuite de la recherche fondamentale et clinique, de mettre au point et de tester plus de traitements et de moyens de prévention qui devront être distribués à une échelle beaucoup plus grande», a dit lundi ce virologue devant la conférence.

«Il faudra aussi que se poursuivent les investissements des donateurs et partenaires actuels ainsi que davantage de contributions de nouveaux pays et organisations», a-t-il souligné.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a réaffirmé lundi dans une intervention à la conférence «l'engagement des Etats-Unis pour parvenir à une génération sans sida».

«Nous ne reculerons pas, nous ne diminuerons pas nos efforts et nous nous battrons pour mobiliser les ressources nécessaires afin de parvenir à ce moment historique», a-t-elle martelé.

Les États-Unis par le biais du programme PEPFAR comptent pour 48% des 8,2 milliards de dollars de l'aide internationale contre le sida.

L'ONU a fixé l'objectif des investissements dans le monde pour lutter contre l'infection à 24 milliards de dollars par an d'ici 2015 soit neuf milliards de plus que les 15 milliards mobilisés en 2010. Quelque 35 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde.

Le président français François Hollande a affirmé lundi dans un message adressé par vidéo à la Conférence que la France poursuivrait sa participation au Fonds mondial contre le sida, dont elle est le second plus grand contributeur, en la diversifiant avec des «financements innovants».

Il a cité «la taxe sur les transactions financières» qui sera mise en place en France dès le 1er août.

M. Hollande a aussi proposé «d'élargir cette taxe à l'Europe et au monde pour que nous puissions verser des sommes nouvelles à la lutte contre le sida».

Mais pour le chanteur Elton John, «plus que de l'argent et des médicaments, nous avons besoin d'amour», a-t-il lancé lundi devant la conférence.