Un simple test génétique permet aux médecins de déterminer le dosage idéal d'anti-coagulant pour chaque patient, évitant ainsi d'éventuelles hémorragies ou des caillots sanguins durant la période d'ajustement du traitement, selon une recherche publiée mardi.

Cette étude clinique, menée par les groupes médicaux américains Medco et la Mayo Clinic, montre que les hospitalisations pour toutes causes, dont des hémorragies et des caillots, pourraient être réduites de près d'un tiers en testant tout simplement des variations de deux gènes (CYP2C9 et VKORCI) qui influencent fortement la sensibilité d'un patient à la warfarine, puissant anti-coagulant, le plus largement prescrit.

Près de deux millions de personnes aux Etats-Unis commencent chaque année un traitement à la warfarine pour empêcher la formation de caillots sanguins s'ils souffrent de fibrillation auriculaire - la forme d'arythmie cardiaque la plus fréquente - ou après le remplacement chirurgical d'une valve du coeur.

«Le test génétique est un outil auquel les médecins peuvent recourir pour déterminer dès le début du traitement le meilleur dosage de warfarine», a expliqué le Dr Robert Epstein, médecin en chef de Medco et et directeur de l'Institut de recherche de ce groupe, le principal auteur de cette étude présentée au dernier jour la conférence annuelle de l'American College of Cardiology (ACC) réunie à Atlanta (Géorgie, sud-est des Etats-Unis) depuis samedi.

«Les patients peuvent ainsi bénéficier d'un dosage idoine plus rapidement et de ce fait, avoir un moindre risque d'effets néfastes», a-t-il ajouté.

La sensibilité à la Warfarine est très variable, et l'ajustement des bons dosages pour chaque patient peut donc prendre des semaines, voire des mois d'analyses de sang répétées.

Durant cette période d'ajustement du traitement, les patients courent un risque élevé soit de thrombose - formation d'un caillot dans une veine résultant d'un dosage trop faible de Warfarine - ou d'une hémorragie en cas de dose trop forte de l'anti-coagulant.

Cette étude est la première de ce type menée au niveau national américain. Elle a porté sur 896 patients débutant un traitement dans 49 des 50 Etats américains.

Peu après que les participants de l'étude ont commencé à prendre de la warfarine, la Mayo Clinic a procédé à des analyses de sang de chacun d'eux pour déterminer leur sensibilité génétique à l'anti-coagulant dont les résultats ont été transmis à leurs médecins respectifs.

Durant les six premiers mois de l'essai, les patients ainsi testés génétiquement ont eu 31% moins de chances d'être hospitalisés.

La différence était même plus marquée juste après l'analyse génétique avec une réduction de 33% du risque d'hospitalisation comparativement aux participants non génétiquement testés.

La réduction du risque de faire un séjour à l'hôpital pour une hémorragie ou un caillot sanguin atteint 43%, ont précisé ces chercheurs.

«Si on réduit le nombre des hospitalisations de seulement deux pour chaque patient cela suffirait à couvrir, par les économies réalisées, le coût des tests génétiques» qui varient de 250 à 400 dollars, a jugé le Dr. Epstein.