Plus on vieillit, plus il est difficile de ne pas se laisser distraire lorsqu'on effectue une activité mentale nécessitant de la concentration, selon une étude publiée mardi par le Journal of Cognitive Neuroscience.

«Les personnes âgées sont vulnérables aux sources de distraction en raison d'une incapacité à supprimer les stimuli environnementaux sans rapport avec le sujet», écrivent les auteurs de l'étude, conduite par le Rotman Research Institute basé à Toronto (Canada).

Les auteurs de l'étude ont demandé à deux groupes de 12 adultes, dont l'âge moyen était de 26 ans pour l'un et de 70 ans pour l'autre, d'«encoder» plusieurs visages, tandis que leurs cerveaux étaient passés au scanner par imagerie à résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), qui produit un bruit proche de celui du marteau-piqueur.

Les cobayes qui ont montré une plus grande difficulté à «encoder» un souvenir ou à enregistrer un nouveau visage, aussi bien dans le groupe des plus jeunes que dans celui des personnes âgées, présentaient une activité moins importante dans les zones cérébrales dévolues à cette tâche.

Mais d'autres zones cérébrales étaient activées chez les personnes âgées, ce qui n'était pas le cas au sein du groupe plus jeune, selon l'étude.

«Les personnes âgées ont montré une activité plus intense dans certaines régions cérébrales qui devraient normalement être plus calmes ou désactivées», selon Dale Stevens, principal auteur de cette étude.

«Les cerveaux des personnes âgées traitaient trop d'informations inutiles provenant de leur environnement externe: tout simplement le bruit du scanner», explique le chercheur.

Le fait que le bruit du scanner IRMf, très souvent utilisé dans des études sur le vieillissement du cerveau, soit une source de distraction pour les personnes âgées, devrait être pris en compte par les chercheurs en sciences cognitives, car cela pourrait biaiser les résultats de leurs travaux, selon les auteurs de cette recherche.

«Nous apportons non seulement de nouvelles preuves concernant le problème bien connu de la distraction liée à l'âge, mais nous montrons aussi que le scanner IRMf pourrait lui-même amoindrir les performances cognitives des personnes âgées par rapport à ce qu'elles seraient dans la vie réelle, sans le scanner», écrit Cheryl Grady, qui a également travaillé sur cette étude.

L'étude publiée mardi fait suite à un autre travail de recherche publié en 2006 par Cheryl Grady, dans lequel elle identifiait de subtils changements dans l'activité cérébrale au cours de la vie adulte, qui s'accentuaient après 65 ans.

Parmi ces changements, elle notait une plus grande difficulté à activer des zones du cerveau utiles lors d'activités nécessitant de la concentration, comme la lecture, et la désactivation de régions cérébrales associées à la conscience de soi et aux souvenirs les plus récents.

Pour les chercheurs, le message de ces deux études consiste à conseiller aux personnes âgées d'«essayer de réduire les sources de distraction venant de leur environnement extérieur et d'essayer de se concentrer sur une tâche importante à la fois».