Des chercheurs espagnols ont présenté mardi à Madrid un procédé de création d'organes dits bioartificiels à partir de cellules mères d'un patient, limitant pour ce dernier les risques de rejet après une greffe, une première mondiale selon eux.

La technique consiste à vider de leur contenu cellulaire des organes humains de personnes décédées, jugés inaptes à être greffés, pour les «recellulariser» avec «des cellules mères du patient pour reconstruire l'intérieur» de l'organe, a expliqué à la presse le responsable du projet, le docteur Francisco Fernandez Aviles, chef du service de cardiologie de l'hôpital Gregorio Maranon.

L'hôpital accueille le «premier laboratoire au monde destiné à produire des organes bioartificiels avec des cellules mères adultes, en vue d'une greffe», s'est félicitée la ministre des Sciences et de l'Innovation, Cristina Garmendia.

L'Espagne s'est distinguée ces dernières années par ses progrès en matière de greffe, ayant par exemple réalisé en mars la première greffe totale du visage. Elle est aussi reconnue comme le leader mondial par le nombre de dons d'organes, avec 4028 transplantations en 2009, selon le ministère de la Santé.

Le procédé présenté mardi est une «troisième voie», à mi-chemin entre la transplantation d'organes humains et celle d'organes artificiels, selon Rafael Matesanz, directeur de l'Organisation nationale de transplantations (ONT).

Son utilisation en médecine, possible «pas avant cinq ans et plutôt dans dix ans», selon le docteur Fernandez Aviles, «mettrait fin à deux problèmes»: le manque de donneurs ou d'organes bons pour la greffe et le rejet de l'organe transplanté par le patient.

L'objectif est de «créer une banque de matrices» des organes vidés de leur contenu, qui peuvent se conserver plusieurs mois, autour desquelles «on puisse construire de nouveaux organes sur mesure pour les patients». Pour l'instant, huit coeurs sont prêts à l'emploi et les chercheurs espèrent pouvoir en reconstruire un partiellement d'ici fin 2010.

A l'avenir, «les matrices pourraient venir non seulement d'humains, mais aussi d'animaux», a expliqué le docteur.

Le laboratoire est le fruit d'une collaboration entre l'hôpital madrilène, l'ONT et l'université américaine du Minnesota, cette dernière ayant appliqué le procédé sur des souris.