Le plus grand accélérateur de particules du monde (LHC) a atteint lundi un nouveau record, franchissant «une frontière symbolique» avec «100 millions de collisions par seconde», a déclaré Michel Spiro, président du conseil du Centre européen de recherche nucléaire (Cern).

Ce record a été atteint «cette nuit, vers 2 heures du matin», a déclaré M. Spiro, à l'occasion d'une conférence à Paris sur «l'infiniment petit et l'infiment grand».

Voici un mois, le Grand collisionneur de hadrons (LHC) avait déjà établi un un record de luminosité, correspondant à «10 millions de collisions par seconde. Maintenant on a multiplié par dix», a précisé à l'AFP M. Spiro.

En faisant entrer en collision des faisceaux protons circulant à contresens dans un anneau de 27 km de circonférence, le LHC vise à recréer les conditions d'énergie intense des premières fractions de secondes suivant le Big Bang, voici 13,7 milliards d'années.

Les physiciens cherchent notamment un des chaînons manquants de la théorie des particules, le fameux boson de Higgs qui donnerait leur masse à toutes les autres.

Pour dire qu'il existe, la réponse pourrait «arriver à partir de cet été», mais «pour dire qu'il n'existe pas il faudra attendre la fin de l'année prochaine», a expliqué M. Spiro.

«Cet été, on va avoir déjà quelques milliers de milliards de collisions» accumulées, précise-t-il, relevant que la difficulté pour trouver le boson de Higgs dépend de sa masse.

«Si on a la chance qu'il soit dans la bonne zone de masse, a partir de cet été on pourra déjà le trouver», dit-il, précisant que pour valider la découverte «il faut en avoir au moins une quinzaine».

Avec 100 millions de collisions par seconde, «mille milliards de collisions» pourraient être produites chaque jour en quelques heures d'expérience au LHC, a précisé M. Spiro. A ce rythme, si le boson de Higgs existe, il pourrait être possible d'en détecter «1 par jour» selon M. Spiro.

«Avec un Higgs par jour, ça veut dire quelques centaines d'ici la fin 2012», malgré le «bruit de fond, ça permettra de dire s'il est là ou s'il n'est pas là», résume le physicien.

Et «si on ne le trouve pas tel qu'on l'attend, ça voudra dire que la théorie des particules élémentaires n'est pas la bonne», conclut-il.