Les fonds marins de la planète sans lumière et froids sont loin d'être désertiques puisque des milliers d'espèces animales dont certaines étranges, les habitent jusqu'à 5000 mètres de profondeur, selon une équipe internationale de chercheurs dont les travaux paraissent dimanche.

Ces recherches font partie du projet de catalogue de la vie marine, Census of Marine Life, auquel contribuent plus de deux mille scientifiques de 80 pays.

Depuis le lancement de ce projet en 2000, ils ont répertorié 17 650 espèces dont plusieurs variétés de crabes, crevettes et vers ainsi que de multiples autres créatures bizarres, vivant au-dessous de 200 mètres, profondeur limite atteinte par les rayons du soleil.

La plupart se sont adaptées à une alimentation constituée surtout des excréments des animaux vivants dans la zone baignée de lumière de moins de 200 mètres de profondeur.

D'autres se nourrissent de bactéries qui décomposent les hydrocarbures, le soufre et le méthane ainsi que les squelettes de baleine tombant sur le fond des océans.

Pour cette entreprise, ils ont recouru à des caméras, des sonars et d'autres technologies de pointe dont des mini-submersibles robotisés ou pilotés par des experts, capables de descendre jusqu'à 5000 mètres de fond.

Edward Vanden Berghe qui dirige le Système d'information biogéographique des océans (OBIS) du Census of Marine Life relève que, sans surprise, le nombre d'espèces apparaissant dans ce registre diminue considérablement dans les plus grandes profondeurs.

Cependant, ces biologistes ont pu en cataloguer à ce jour 5722 évoluant à plus de mille mètres de profondeur, précise-t-il.

Ces scientifiques soulignent que leurs travaux ont permis de mettre en lumière l'abondance, la diversité et la distribution de la faune marine des fonds océaniques que l'on pensait jusqu'alors être vide.

«L'abondance de la vie est surtout fonction de nutriments disponibles et décroît rapidement avec la profondeur de l'eau», observe Robert Carney de l'université de Louisiane, coresponsable dans le projet du Census of Marine Life de l'étude de la faune aux limites des plateaux continentaux.

«C'est dans les marges extrêmes du plateau continental que nous trouvons la transition entre l'abondance de nutriments résultant de la photosynthèse et la pauvreté des profondeurs sans lumière de l'océan et cette transition révèle l'intrigante adaptation et des stratégies de survie d'espèces étonnantes», explique-t-il.

Ce chercheur relève qu'une telle diversité animal est difficile à comprendre puisque la boue tapissant les grands fonds paraît uniforme et pauvre en nutriments. «Cette grande diversité des profondeurs marine reflète donc les nombreuses façons de s'adapter pour survivre», ajoute-t-il.

Parmi les créatures les plus surprenantes découvertes lors de ces différentes expéditions, ces chercheurs citent un poisson «bizarre et allongé de couleur orange» identifié comme étant un «néocyema» capturé entre 2000 et 2500 mètres de fond sur la dorsale du milieu de l'Atlantique. Seuls cinq spécimens ont été attrapés à ce jour.

L'autre animal étrange, également trouvé dans la même zone à une profondeur de 1000 à 3000 mètres, rappelle l'éléphant volant «Dumbo» de Disney en raison d'une grande paire d'oreilles faisant fonction de nageoires.

Le spécimen attrapé par les membres de l'expédition mesurait près de deux mètres de long et pesait six kilos.

Fruits de plus de 200 expéditions, la version finale du catalogue des espèces marines du monde sera dévoilée le 4 octobre 2010 à Londres.