La société américaine SpaceX a dû repousser samedi la reprise de ses missions d'approvisionnement vers la Station spatiale internationale (ISS) à cause d'un problème technique détecté sur le moteur de sa fusée Falcon 9.

Ce n'est que quelques secondes avant le décollage prévu que le lancement du vaisseau non habité Dragon a été interrompu. Cela aurait dû être la première mission de cette société spatiale privée depuis l'explosion en septembre dernier d'un lanceur.

«Tous les voyants étaient au vert, sauf que le mouvement d'un piston de la direction hydraulique du moteur était un peu curieux», a expliqué Elon Musk, patron milliardaire de SpaceX, précisant sur Twitter que ses équipes allaient «enquêter».

«S'il s'agissait du seul problème, le vol se passerait bien, mais nous devons nous assurer que ce n'est pas symptomatique d'un problème plus grave en amont», a-t-il ajouté.

La société américaine a indiqué sur Twitter que ses ingénieurs prévoyaient «d'étudier de plus près la position de la tuyère du moteur du deuxième étage».

La capsule Dragon doit livrer plus de 2,2 tonnes de vivres et d'équipements pour des expériences scientifiques aux astronautes vivant sur l'ISS. SpaceX tentera son prochain lancement dimanche à 9 h 38.

Le tir de samedi avait déjà été remis en question la veille après la détection d'une «très petite» fuite d'hélium dans le deuxième étage du lanceur, selon les mots d'Elon Musk.

La directrice générale de l'entreprise, Gwynne Shotwell, avait indiqué plus tard vendredi que ses équipes pensaient l'avoir détectée, ses ingénieurs s'efforçant d'en déterminer la cause.

Le lancement de Dragon devait avoir lieu du pas de tir historique 39A au Centre spatial Kennedy près de Cap Canaveral en Floride. C'est de là qu'avaient été lancées les missions Apollo vers la Lune à la fin des années 1960 et au début des années 1970 ainsi que les navettes spatiales de 1981 à 2011.

C'est la première fois que le pas de tir est réutilisé depuis le dernier vol d'une navette de la Nasa, Atlantis, en juillet 2011.

Vols habités dès 2018?

SpaceX a subi deux accidents coûteux ces deux dernières années, après une longue période de succès depuis sa création par Elon Musk en 2002. En septembre 2016, le lanceur a explosé sur le pas de tir de Cap Canaveral lors d'un essai statique des moteurs, détruisant un satellite de communication israélien de 200 millions de dollars.

Falcon a déjà effectué un vol depuis ce revers, en lançant avec succès le 14 janvier dix petits satellites de communication de la société Iridium depuis la base militaire Vandenberg en Californie.

Le premier accident s'était produit en juin 2015 avec l'explosion de Falcon 9 peu après le décollage de Floride pour une mission de fret de la capsule Dragon vers l'ISS.

Les prévisions météorologiques donnent 70% de probabilités de conditions favorables dimanche au moment du tir.

Si le lancement est finalement réussi, SpaceX prévoit de faire atterrir en douceur le premier étage du lanceur sur le sol à Cap Canaveral. Ce serait le septième succès pour cette manoeuvre délicate. Le premier étage de 41 mètres de haut s'était déjà posé quatre fois sur une barge en mer et trois fois sur la terre ferme.

SpaceX compte, en récupérant la partie la plus chère du lanceur, réduire nettement ses coûts de mise sur orbite.

L'entreprise avait remporté la compétition en 2013 lancée par la NASA pour la location du pas de tir 39A qui était aussi convoité par son rival, la société Blue Origin, fondée et dirigée par un autre milliardaire: Jeff Bezos, fondateur et patron d'Amazon.

SpaceX devra dépenser au total plus de 100 millions de dollars pour moderniser entièrement le pas de tir d'où seront lancés des astronautes à bord de son vaisseau Dragon V2, a précisé Gwynne Shotwell. Elle prévoit que ces vols habités auront lieu dès 2018.