La sonde américaine Stardust a probablement capturé des grains microscopiques de poussière d'une étoile provenant de l'explosion relativement récente d'une supernova, ce qui pourrait aider les astronomes à expliquer la formation de notre système solaire.

«Fondamentalement, le système solaire et tout ce qu'il contient provient d'un nuage de gaz et de poussière interstellaire et nous sommes en présence de matériaux très similaires», explique Andrew Westphal, un physicien de l'Université de Californie à Berkeley. Il est le principal auteur de cette découverte publiée jeudi dans la revue américaine Science.

Ces scientifiques ont trouvé sept particules apparemment de poussière d'étoiles dans les capteurs en aérogel et en feuilles d'aluminium d'une capsule larguée par Stardust et parachutée sur la Terre en 2006. L'exploitation des données ramenées par la capsule est particulièrement longue et fastidieuse, voilà pourquoi ces premiers résultats - provisoires - sont rendus publics huit ans après.

La sonde s'était approchée à moins de 225 km de la comète Wild 2 en janvier 2004 pour tenter de piéger de la poussière cosmique et cométaire.

Depuis, des dizaines de scientifiques explorent la moisson de matériaux capturés par Stardust en quête de rares particules interstellaires.

Si cette découverte est confirmée, ce serait la première fois que de la poussière interstellaire contemporaine se trouve entre les mains des scientifiques, selon ces chercheurs. «Il s'agit de particules très précieuses», insiste le professeur Westphal.

Douze autres communications sur ces sept particules paraîtront la semaine prochaine dans la revue scientifique américaine Meteoritics and Planetary Science.

Les astronomes soulignent toutefois que des tests supplémentaires doivent être effectués avant qu'ils puissent dire avec certitude que ces grains de poussière de quelques microns de diamètre au plus (un micron équivaut à un millième de millimètre) proviennent bien de l'espace interstellaire.

Si c'est confirmé, ces particules pourraient aider à expliquer l'origine et l'évolution de la poussière interstellaire, qui a jusqu'alors fait seulement l'objet d'hypothèses à partir des observations astronomiques.

Diversité surprenante

Ces sept particules sont beaucoup plus diverses en matière de composition chimique et de structure qu'on ne le pensait auparavant. Les petites sont très dissemblables des grandes et pourraient avoir eu des évolutions différentes. La plupart des grandes particules ont une structure similaire à celle d'un flocon de neige.

«Le fait que les deux plus grandes particules floconneuses contiennent des matériaux cristallins, plus précisément de l'olivine, un minéral formé de magnésium, de fer et de silicate, pourrait indiquer que ces grains proviennent de disques autour d'étoile et qui ont été altérés en voyageant dans l'espace interstellaire», a observé le professeur Westphal.

«Il semblerait que nous observons pour la première fois la diversité surprenante des particules de poussière interstellaire qu'il est impossible d'explorer avec les observations astronomiques seules», poursuit-il.

Cent autres traces d'impacts de particules trouvés par les chercheurs dans les capteurs de Stardust doivent encore être analysées et seulement 77 des 132 panneaux d'aérogel ont été passés au scanneur, précisent les auteurs de cette recherche.

Mais le professeur Westphal s'attend à trouver au plus une dizaine de particules de poussière cosmique, soit un millionième du total des matériaux cométaires capturés par les autres capteurs à bord de la sonde Stardust.

Par ailleurs, une équipe internationale d'astronomes a dévoilé jeudi, également dans la revue Science, de nouvelles cartes, pouvant être lues en 3D, des matériaux qui se trouvent entre les étoiles dans la Voie lactée, notre galaxie.

«Cette recherche nous donne de nouveaux indices sur les matériaux se trouvant dans l'espace interstellaire à partir desquels se forment les étoiles», relève Rosemary Wyse, professeur de physique et d'astronomie à l'Université Johns Hokpins, principale auteur de ces travaux.

Ces cartes ont été assemblées à partir de données collectées pendant 10 ans dans le cadre du projet «Radial Velocity Experiment», qui a utilisé le télescope britannique Schmidt en Australie pour collecter des informations spectrométriques à partir de la lumière émise par des groupes d'étoiles qui pouvaient en compter jusqu'à 150 chacun.