Enfant, l'astronaute à la retraite Julie Payette ne pensait jamais pouvoir s'envoler dans l'espace alors qu'elle voyait les Américains envoyer des astronautes sur la Lune à la fin des années 1960 et au début des années 1970.

Elle a dû affronter plusieurs obstacles avant de réaliser son rêve d'enfiler un scaphandre et de prendre place à bord d'une fusée. «Lorsque j'avais neuf ans et que je vivais à Montréal, j'étais une fille, ils étaient des hommes, j'étais canadienne, ils étaient américains», a récemment déclaré Mme Payette, âgée de 50 ans, lors d'un récent panel regroupant plusieurs astronautes femmes.

Mme Payette s'est rendue à deux reprises dans l'espace pendant ses plus de 20 ans de carrière, la dernière fois, il y a cinq ans. Après avoir quitté le programme spatial, l'an dernier, Mme Payette dirige actuellement le Centre des sciences de Montréal.

Seulement deux femmes canadiennes ont voyagé dans l'espace: Julie Payette et la neurologue Roberta Bodar qui a passé huit jours à bord de la navette spatiale Discovery en janvier 1992. Mme Payette a d'ailleurs noté que sur les 500 humains s'étant rendus dans l'espace, seuls 57 étaient des femmes, et uniquement 12 d'entre elles provenaient d'ailleurs que des États-Unis. Elle souligne toutefois que sa famille n'a jamais tenté de l'empêcher de poursuivre son rêve. «Personne dans ma famille n'avait jamais approché ne serait-ce qu'un avion, et n'avait encore moins monté à bord - et (ces astronautes) parlaient anglais - je ne parlais pas du tout cette langue.»

«J'ai été très chanceuse, malgré ces désavantages, de venir au monde dans une famille qui ne m'a pas découragée.»

L'ex-astronaute confie en fait que l'aspect le plus difficile fut de convaincre les gens qu'elle pourrait surmonter les obstacles. «Il a fallu bien du temps pour convaincre les gens que vous pouviez accomplir le travail tout aussi bien. Mais la bonne chose est qu'avec de la persévérance, beaucoup de travail, de l'humilité et une grande aide de la part de bien des gens, vous pouvez toujours réussir.»

Mme Payette a finalement pu contempler la Terre dans toute sa splendeur il y a 15 ans lorsqu'elle a décollé pour la première fois, à bord de Discovery. Ce faisant, elle devenait le premier astronaute canadien à participer à une mission de construction de la Station spatiale internationale et d'y entrer. Son deuxième et dernier voyage, en juillet 2009, lui a en effet permis de monter à bord du laboratoire orbital.

À cette époque, lorsque la navette Endeavour s'est amarrée à la station, elle a permis de rassembler un record de 13 astronautes provenant de cinq nationales différentes. Mme Payette était la seule femme.

Avec elle se trouvait un autre astronaute canadien, Bob Thirsk, qui participait à une mission de six mois; il s'agissait ainsi de la première rencontre entre deux Canadiens en orbite.

Selon l'astronaute de la NASA Shannon Walker, qui a effectué une partie de sa formation au Canada, bien des choses ont changé pour les femmes dans l'industrie spatiale. «Il y a seulement 10 ou 15 ans, le nombre de femmes ingénieures à l'Agence spatiale canadienne était très réduit, et cela a changé... cela a changé partout», a-t-elle indiqué lors d'une récente entrevue accordée à La Presse Canadienne.

Le nombre de femmes travaillant à la NASA a également crû depuis ses débuts à l'agence, en 1987, poursuit-elle, avant de décrire l'agence américaine comme un reflet de la société; «Alors que les femmes progressaient dans la société, les femmes ont aussi progressé à la NASA.»

«Davantage de femmes ont étudié en science à l'université, et il y avait donc plus de femmes pour postuler aux emplois.»

Au cours de sa plus récente sélection d'astronautes, la NASA a choisi quatre hommes et autant de femmes. Il y avait eu 6113 candidatures - 1355 femmes et 4758 hommes.

Si les femmes astronautes sont maintenant acceptées en Amérique du Nord, cela ne semble pas être le cas en Corée du Sud. Lorsque Soyeon Yi a été choisie pour devenir la première du genre - et le premier astronaute du pays, tout court -, elle dit avoir été surprise puisque même au sein du gouvernement, plusieurs s'attendaient à ce qu'un homme soit choisi. «Tous les puissants croient qu'un homme est toujours meilleur qu'une femme, a-t-elle déclaré récemment. Voilà le genre de culture que nous avons toujours.»

La situation était en fait pire lorsqu'elle s'entraînait en Russie pour sa mission de 10 jours à bord de la station spatiale, en 2008. «Ce n'était pas facile de m'accepter. Je pouvais le sentir, je le voyais sur leurs visages - particulièrement les soldats qui n'avaient pas assez d'éducation et d'expérience de travail avec les femmes.»

PHOTO ARCHIVES NASA

Julie Payette à bord de la navette Endeavour en 2009.