Le plus gros robot motorisé à se poser sur Mars arrivera dans la nuit de demain à lundi sur la planète rouge. Son atterrissage promet d'être un exercice de haute voltige. Par la suite, il pourrait découvrir des preuves indéniables qu'il y a eu de la vie sur Mars.

Curiosity entrera dans l'atmosphère martienne vers 1 h 10, lundi matin. Il sera au départ freiné par des parachutes, puis un atterrisseur le ralentira au moyen de rétrofusées. Une grue descendra le robot quand l'atterrisseur sera à 7,5 mètres d'altitude, et celui-ci ira s'écraser plus loin pour ne pas endommager le robot.

Deux derniers robots déployés par la Nasa sur Mars, Spirit et Opportunity, en 2004, ont atterri à la dure, protégés par des ballons gonflables protecteurs. À une tonne - cinq fois plus que ses prédécesseurs -, Curiosity est trop lourd pour ce genre d'acrobatie.

«La descente durera seulement sept minutes, mais comme il y a un retard de communication de 13 à 14 minutes, nous saurons si Curiosity s'est bien posé à 1 h 31 lundi matin», explique Stéphane Desjardins, directeur du programme d'exploration spatiale de l'Agence spatiale canadienne (ASC). «Ensuite, Curiosity vérifiera pendant plusieurs jours que tous ses systèmes fonctionnent bien.»

Participation canadienne

L'ASC a un intérêt particulier pour la mission parce qu'elle fournit un instrument, le spectromètre à rayons X à particules alpha (APXS selon le sigle anglais), qui pourra analyser la composition chimique des roches. Construit par la firme canadienne MDA, il a coûté 17,8 millions CAN, sur un coût total de 2,5 milliards US, et sera plus tard géré depuis l'Université de Guelph, où travaillent les chercheurs qui l'ont conçu. Ce sera la première fois qu'un instrument martien sera contrôlé depuis le Canada.

Curiosity atterrira dans un cratère où il y a vraisemblablement eu de l'eau par le passé. Ses 10 instruments traqueront les traces de vie organique. Par exemple, l'instrument franco-américain Chemcam pourra disséquer la composition chimique de roches situées à sept mètres, si jamais Curiosity ne peut s'approcher de certaines formations. Un autre instrument détectera les radiations afin de voir si certaines pourraient menacer une éventuelle mission humaine. Un détecteur de neutrons russe raffinera la détection d'eau «souterraine».

L'ASC travaille en ce moment sur une autre mission ayant pour objet la planète Mars, Exomars - mission européenne prévue pour 2016 - ainsi qu'au projet Orisis-Rex, qui prévoit ramener sur Terre un échantillon d'astéroïde d'ici 2023. La sonde américaine Phoenix, qui a exploré le pôle Nord martien en 2008, comportait elle aussi un instrument canadien, tout comme la sonde japonaise Nozomi, qui s'est perdue dans l'espace en 2003 à cause d'un manque de carburant.

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Les sondes sur Mars

Seulement la moitié de la quarantaine de sondes envoyées vers la planète rouge ont enregistré des résultats probants. Voici un résumé des principales missions.

> 1964 La sonde soviétique Mars 1 est la première à atteindre la planète rouge. Le contact radio a toutefois été perdu avant l'arrivée.

> 1965 La sonde américaine Mariner 4 a envoyé pour la première fois des données - température, pression et photos.

> 1972 Les sondes Mars 2 et Mars 3 ont été les premières à se mettre en orbite autour de la planète rouge (les autres n'avaient fait qu'un passage).

> 1976 Les sondes américaines Viking 1 et 2 ont été les premières à se poser sur Mars.

> 1997 La sonde américaine Pathfinder et son robot motorisé Sojourner ont analysé pendant deux mois l'environnement de la planète.

> 2002 La sonde américaine Mars Odyssey est toujours en orbite.

> 2004 La sonde européenne Mars Express est toujours en fonction, mais la sonde Beagle 2 a été perdue à l'atterrissage.

> 2004 Les robots motorisés Spirit et Opportunity ont arpenté pendant cinq et huit ans le sol martien, parcourant 8 et 35 kilomètres (Opportunity est toujours fonctionnel).

> 2006 La sonde américaine Mars Reconnaissance Orbiter est toujours en orbite.

> 2008 La sonde américaine Phoenix a été la première à atterrir près du pôle Nord. Mathieu Perreault