L'Agence spatiale européenne (ESA) a annoncé mercredi matin avoir «établi le contact» avec la sonde russe Phobos-Grunt et reçu le «premier signe de vie» de l'engin spatial en perdition autour de la Terre depuis son lancement le 8 novembre à destination d'un satellite de Mars.

Une station de l'ESA à Perth (ouest de l'Australie) «a établi le contact avec la sonde russe Phobos-Grunt» mardi à 20h25 GMT (15h25 heure de Montréal). «C'était le premier signal reçu sur Terre depuis le lancement de la mission martienne le 8 novembre», a indiqué l'ESA sur son site internet.

«Nous avons envoyé une commande pour allumer l'émetteur et la sonde nous a renvoyé la télémétrie. Par contre, on ne connaît pas encore les détails et on n'est pas très sûrs de ce qu'on a reçu. C'est un premier signe de vie», a expliqué à l'AFP un porte-parole du Centre européen d'opération spatiale (ESOC) de Darmstadt (Allemagne).

La station au sol de Perth avait été modifiée par les ingénieurs de l'ESA pour «mieux pouvoir envoyer des ordres dans l'espace» vers la sonde russe en perdition, située sur une «orbite très basse, très peu favorable» et «très difficile à établir» avec certitude, a indiqué l'ESOC.

Une opération d'autant plus compliquée que les «fenêtres d'envoi et de réception sont très courtes, entre cinq et dix minutes», a relevé le porte-parole.

Les ingénieurs de l'ESA sont en train d'étudier avec leurs collègues russes qui pilotent la mission «les mesures nécessaires» pour tenter de reprendre le contrôle de Phobos-Grunt, a réagi de son côté l'Agence spatiale russe Roskosmos.

Mardi, Roskosmos avait estimé qu'il n'y avait «pratiquement plus de chances d'effectuer cette mission» après avoir perdu le contrôle de la sonde pendant un temps aussi long.

«De toute évidence, l'appareil ne survivra pas jusqu'à la prochaine fenêtre» de lancement vers Mars, qui ne se représentera pas avant deux ans, avait déclaré le directeur adjoint de l'Agence spatiale russe, Vitali Davydov.

Tous les deux ans, la distance entre Mars et la Terre est réduite, ce qui facilite les lancements en direction de la planète rouge, et la fenêtre de lancement actuelle bénéficiant de ces conditions favorables s'achève à la fin du mois.

Phobos-Grunt avait été lancée par une fusée Zenit depuis le cosmodrome russe de Baïkonour, au Kazakhstan, le 8 novembre.

Mais ses moteurs additionnels ne se sont pas mis en route pour la propulser vers Phobos, et les spécialistes russes tentent depuis lors d'en reprendre le contrôle à distance pour lui faire prendre sa trajectoire.

Phobos-Grunt est la première tentative de la Russie de procéder à une mission d'exploration interplanétaire depuis l'échec, en novembre 1996, de la sonde Mars 96, qui était retombée dans l'océan Pacifique.

 L'échec de cette sonde signifierait aussi celui de la première mission de la Chine vers Mars, car Phobos-Grunt devait mettre en orbite le satellite Yinghuo-1 autour de la planète rouge, pour en étudier la surface et le champ magnétique.