L'origine et le devenir de l'univers restent encore un mystère pour les astrophysiciens et certains, très pessimistes, avancent même l'hypothèse d'une impasse pour la science.

Ces dix dernières années, des théories, comme celle de l'énergie du vide ou énergie sombre indirectement mise en évidence par des observations astrophysiques, ont chamboulé les fondements de la physique, a expliqué l'astrophysicien américain Lawrence Krauss de l'Université d'Arizona lors de la conférence annuelle de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS) qui vient de s'achever à Chicago (Illinois).

L'énergie sombre, une force mystérieuse qui expliquerait l'accélération de l'expansion de l'univers après le Big Bang il y a quelque 13,7 milliards d'années, malgré la force de la gravité, représente plus de 70% de l'univers.

La matière noire représente elle quelque 23% de l'univers et n'interagit pas avec la matière ordinaire, qui ne compte que pour 4%.

L'énergie sombre serait la composante la plus importante de l'univers en termes de densité d'énergie.

La matière noire et l'énergie sombre sont encore «des choses qui restent mystérieuses», a avoué M. Krauss devant la presse, aux côtés d'autres astrophysiciens.

«Tout cela a bouleversé ce que nous concevons comme la physique fondamentale et laisse penser que les lois de la nature ne sont pas en fin de compte immuables, mais accidentelles, et qu'il existerait de plus un grand nombre d'univers. Le hasard fait que nous vivons dans l'un d'entre eux», a poursuivi Lawrence Krauss.

«Ces événements révolutionnaires de la dernière décennie nous forcent à confronter des questions vraiment essentielles sur les fondements de la science et nos limites», a-t-il insisté.

Selon lui, «nous pourrions bien vivre à la seule époque de l'histoire de l'univers pendant laquelle la science pourrait parvenir à une compréhension exacte de la vraie nature de l'univers» mais en avons-nous les capacités?

De son côté, Alan Guth, professeur de physique au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Cambridge, dit «douter énormément du fait que les scientifiques aient atteint leurs limites de compréhension de la cosmologie».

«Je pense que dans dix ans nous saurons presque certainement ce qu'est la matière noire mais que pour l'énergie du vide, ce sera plus difficile», a poursuivi le physicien.

Le «Grand collisionneur de Hadrons» (LHC), le plus grand accélérateur de particules au monde, mis en route en septembre à la frontière franco-suisse, devrait permettre de pouvoir traquer les ultimes briques de la matière et de récréer les conditions du début de l'univers quand les nombreuses expérimentations commenceront, a-t-il espéré.

Plus résolument optimiste, Daniel Akerib, responsable du département de physique de l'université Case Western Reserve à Cleveland (Ohio), a estimé «que les différentes mesures effectuées ces dix prochaines années pourront nous dire si les théories avancées sont ou non exactes».

En parvenant à mesurer des propriétés de l'énergie du vide ainsi que des micro-ondes cosmiques de façon plus détaillée, «nous devrions pouvoir dire si la théorie sur l'inflation de l'univers est exacte», a-t-il dit. Selon cette théorie, plusieurs univers se seraient formés.

«Je suis très optimiste», a insisté Daniel Akerib. «Nous posons les grandes questions et avons un véritable espoir d'y répondre», a-t-il dit.