Une expérience menée en laboratoire a montré qu'un virus muté de la grippe aviaire H7N9 ayant la particularité d'être «hautement résistant» au traitement par oseltamivir (Tamiflu) restait aussi transmissible et virulent que des homologues non résistants.

Ces caractéristiques sont qualifiées «d'inhabituelles» par la revue scientifique britannique Nature, qui publie l'étude, car «lorsque les virus des grippes saisonnières deviennent résistants, cela se fait généralement au détriment de la capacité du virus à proliférer et à se transmettre».

Dans une communication à cette revue, une équipe de chercheurs américains de l'Ecole de médecine de Mount Sinai (New York) a constaté qu'un clone d'un virus H7N9 résistant à l'oseltamivir, connu sous le nom commercial de Tamiflu et produit par le laboratoire Roche, était «aussi virulent chez les souris et aussi transmissible chez les cochons d'Inde» que des virus H7N9 non résistants à ce médicament antiviral.

Les virus de la grippe aviaire de type H7N9 ont atteint officiellement 139 personnes en Chine depuis février 2013, dont 45 sont mortes, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) diffusé début novembre.

Les virus de la grippe aviaire de sous-types H5, H7 et H9 existent depuis longtemps chez les oiseaux et peuvent provoquer des infections chez les humains, le plus souvent par contact direct avec des volailles d'élevage contaminées.

«Il n'y a pas jusqu'à présent d'indication qu'une transmission du virus entre humains  soit possible, mais les voies de transmission de l'animal à l'homme et d'un être humain à un autre sont l'objet d'investigations intensives», selon l'OMS.

L'émergence d'une souche mutée facilement transmissible entre hommes constituerait une menace importante pour la santé humaine contre laquelle les traitements antiviraux de type oseltamivir, seraient les premiers remparts avant la mise au point éventuelle de vaccins.

Dans cette étude, la virologue Nicole Bouvier et ses collègues ont analysé un virus H7N9 muté isolé chez un patient en Chine pour étudier sa résistance aux médicaments et sa capacité à se répliquer, à se transmettre et à conserver sa virulence, en réalisant différents tests sur des cellules humaines, sur des souris et sur des cochons d'Inde.

Cette équipe «a trouvé que le virus était hautement résistant au médicament antiviral oseltamivir» et qu'il pouvait «infecter des cellules humaines en culture et se propager entre animaux de laboratoire aussi efficacement que son homologue non muté», selon Nature.

«On sait que les traitements antiviraux peuvent conduire à des résistances dans le cas de la grippe et cette étude souligne la nécessité d'une utilisation prudente de ces antiviraux dans les infections par H7N9», conclut Nature.