Anglophone, développée et de taille modeste, la Nouvelle-Zélande est un laboratoire d'essai apprécié des firmes de nouvelles technologies, comme l'a une nouvelle fois prouvé Google et ses ballons stratosphériques. Et en cas d'échec, pas de mauvaise publicité, le pays étant loin de tout.

Perdues au milieu du Pacifique, dans l'hémisphère sud, les deux îles de la Nouvelle-Zélande abritent une population friande de nouveautés techniques. «Nous avons tendance à adopter très vite les nouvelles technologies, surtout celles qui réduisent la ''tyrannie'' de la distance», explique Malcolm Fraser, directeur général du Future Cities Intitute, basé à Auckland.

«Nous sommes un petit marché, ce qui signifie que ça ne coûte pas cher de tester quelque chose ici. Et si ça ne marche pas, nous sommes suffisamment loin des grands marchés pour qu'il n'y ait pas d'effet de contagion», ajoute-t-il.

Le réseau social en ligne Facebook a fait de la Nouvelle-Zélande son laboratoire pour plusieurs nouveautés. L'an dernier, c'est là qu'a été testé le programme permettant aux utilisateurs de payer pour mettre en valeur leurs posts sur les flux d'actualité de leurs amis.

Son «timeline», profil de ses utilisateurs, avait également été lancé en premier dans ce pays du bout du monde, en 2011. «En tant que groupe mondial, nous devons adopter une perspective et une connaissance hors des États-Unis», déclarait le réseau social à l'époque.

«La Nouvelle-Zélande est un bon endroit pour commencer parce qu'on y parle anglais, et qu'on peut donc communiquer et procéder très vite à des ajustements», ajoutait-il.

Le réseau social professionnel LinkedIn a testé au pays des Kiwis sa nouvelle fonctionnalité «Endorsement» qui permet à des utilisateurs de signaler la compétence ou l'expertise d'un autre usager.

Selon Malcolm Fraser, dès le milieu des années 80, le pays testait les nouveautés. C'est là par exemple qu'a été introduit le premier système de paiement électronique au monde. Et au début des années 2000, le groupe de télécoms Vodafone a développé dans ce pays du Pacifique sa norme de téléphonie mobile GPRS, avant de la lancer ailleurs dans le monde.

«Tout vient du fait que (la Nouvelle-Zélande) est un microcosme parfait pour une communauté mondiale», souligne Candace Kinser, du groupe technologique NZITC. «La population d'Auckland est composée à plus de 50% d'immigrants, de quasiment tous les pays du monde, et les Kiwis s'emparent très vite de la technologie, et savent l'utiliser».

Accueillir des projets pointus aide le pays à développer son secteur des nouvelles technologies, qui brille notamment dans les domaines des jeux vidéo et effets spéciaux numériques, note Malcolm Fraser. Car les firmes étrangères venues tester leurs produits embauchent et forment du personnel sur place.

En fin de semaine dernière, Google a annoncé le lancement expérimental dans la stratosphère, au-dessus de la Nouvelle-Zélande, de gros ballons gonflables pouvant relayer une connexion internet vers des zones difficiles d'accès. Des premières connexions au sol ont pu être établies, en provenance d'une trentaine de ballons flottant à une vingtaine de kilomètres d'altitude au-dessus du pays.

Après la Nouvelle-Zélande, l'idée est d'élargir l'expérimentation à des pays se trouvant également le long du 35e parallèle sud, comme l'Afrique du sud, l'Uruguay, l'Australie ou encore le Chili.