Un expert de l'Université Laval, à Québec, compte parmi ceux qui remettaient en question, mercredi, l'authenticité d'un fragment de papyrus du IVe siècle qui affirme que Jésus était marié.

La découverte a été annoncée mardi soir par Karen King, spécialiste des premiers chrétiens et professeure à la Divinity School de l'Université Harvard, aux États-Unis, lors d'un congrès international d'études coptes à Rome.

Le texte est écrit en copte (probablement traduit d'un texte grec du IIe siècle) sur un morceau de papyrus de 4 cm sur 8. Dans un dialogue, Jésus y fait référence à son «épouse», qu'il appelle Marie.

Wolf-Peter Funk, de l'Université Laval, explique qu'il est impossible d'évaluer l'importance du fragment puisqu'il est privé de tout contexte.

«Il y a des milliers de fragments de papyrus sur lesquels on trouve des choses absurdes, a-t-il dit. Ça peut être n'importe quoi.»

Stephen Emmel, professeur de coptologie à l'Université de Münster, en Allemagne, estime que les citations sont exactes mais s'interroge sur l'authenticité du document. «Il y a quelque chose dans l'apparence de ce fragment et dans la grammaire du copte qui ne m'apparaît pas complètement convaincant, pour une raison ou pour une autre», a-t-il déclaré en marge de la conférence.

Un autre participant, Alin Suciu, papyrologue à l'Université de Hambourg, en Allemagne, prend moins de précautions: «Je dirais que c'est un faux. L'écriture n'a pas l'air authentique comparée à d'autres papyrus coptes du IVe siècle», a-t-il jugé.

Karen King a reconnu mercredi qu'il restait des interrogations sur le fragment. Des tests d'encre sont prévus pour déterminer si les composants chimiques correspondent à ceux qu'on utilisait à cette époque.

Un collectionneur anonyme a apporté le fragment à Mme King en décembre 2011 afin qu'elle l'aide à le traduire et à le comprendre. En mars, elle l'a montré à deux papyrologues qui l'ont jugé très vraisemblablement authentique. Le propriétaire veut vendre sa collection à Harvard, a expliqué l'universitaire.

«Il y a toutes sortes de choses vraiment louches dans cette affaire, a estimé David Gill, professeur de patrimoine archéologique à University Campus Suffolk au Royaume-Uni, spécialiste du trafic d'antiquités. Selon moi, tout universitaire sensé et responsable devrait garder ses distances.»