Plus de 400 archéologues nord-américains se retrouvent cette semaine à l'hôtel Gouverneur Montréal pour un congrès organisé par l'Université de Montréal. La conférence fait une place particulière à l'archéologie subaquatique.

«Le Canada est un pionnier de l'archéologie subaquatique», explique Robert Grenier, qui a dirigé ce domaine à Parcs Canada et à l'UNESCO. «Nous avons fait la première fouille au large, à Louisbourg, et le premier musée, à Restigouche dans la baie des Chaleurs, dans les années 60 et 70. Encore aujourd'hui, je participe à l'évaluation par l'UNESCO de sites archéologiques sous-marins. La semaine prochaine, je pars pour la Jamaïque pour évaluer la ville sous-marine de Port-Royal.»

L'archéologie subaquatique est à un tournant technologique. Les avancées en robotique permettent de mieux explorer les océans, et à moindre coût. Cela attise la convoitise des chasseurs de trésors privés, notamment la société américaine Odyssey Marine Exploration. Robert Grenier s'oppose à leurs activités. «Dans un débat public à Paris devant l'UNESCO, j'ai demandé à Greg Stemm d'Odyssey s'il pouvait me fournir un exemple de fouille privée qui a donné lieu à la publication d'articles dans des revues scientifiques, dit M. Grenier. Il a admis qu'il n'y en a pas. Pour le privé, le temps, c'est de l'argent. Et les navires eux-mêmes ne valent rien. Alors que pour les archéologues, les navires donnent une foule de renseignements. On fait tout pour les laisser en place, dans les sédiments qui les protègent.»

Et pourtant, à long terme, les archéologues sont rentables, estime M. Grenier. «À Restigouche, les gens qui faisaient des visites en bateau ne nous aimaient pas au début. Mais à terme, ils voient qu'on est essentiels à la conservation. C'est la même chose pour Red Bay, au Labrador, où on a découvert un galion espagnol similaire à ceux qu'utilisait Christophe Colomb. Aujourd'hui, ils ont des touristes basques.»