Une méduse plongeant inlassablement à la rescousse de sous-marins en perdition? Ce n'est plus tout à fait de la science-fiction depuis que des chercheurs américains ont inventé un robot inspiré de cet animal et qui fonctionne grâce à l'hydrogène ambiant.

Baptisé Robojelly («jellyfish» signifie «méduse» en anglais), l'engin est constitué de matériaux «intelligents», capables de changer de forme et de taille pour reproduire les mouvements naturels de la nage d'une méduse. Et il est alimenté en énergie par des réactions chimiques créées à sa surface, expliquent ses concepteurs dans un communiqué.

Plus précisément, l'oxygène et l'hydrogène qui composent l'eau ambiante réagissent avec du platine déposé à la surface du robot pour produire de la chaleur. Cette chaleur est ensuite transmise aux muscles artificiels de Robojelly qui l'utilisent comme source d'énergie.

«À notre connaissance, c'est la première fois qu'on réussit à alimenter un robot sous-marin avec de l'hydrogène ambiant comme source d'énergie», estime Yonas Tadesse, de l'Institut polytechnique de Virginie.

La méduse est la source d'inspiration idéale pour les roboticiens car la technique de natation de l'invertébré est éminemment simple : une alternance de deux mouvements de l'ombrelle qui propulse l'animal par bonds successifs.

Il commence par contracter ses muscles pour refermer son ombrelle, évacuant l'eau qu'elle contient et se propulsant par la même occasion. Puis; il les relâche pour retrouver sa forme initiale et recommencer à l'envi.

Les ingénieurs du Virginia Tech, qui présentent mercredi leur création dans la revue scientifique Smart Materials and Structures, ont utilisé exactement la même technique pour construire Robojelly : des matériaux «à mémoire de forme» déjà utilisés dans l'industrie, enveloppés de minuscules tubes de carbone et saupoudrés de «noir de platine».

Ce système lui permet en théorie de puiser son énergie dans son environnement et de fonctionner indéfiniment, sans recours à une alimentation extérieure ou avoir besoin de remplacer des batteries.

Mais Robojelly doit encore être perfectionné avant de pouvoir être utilisé dans l'exploration sous-marine ou des opérations de sauvetage, reconnaissent ses concepteurs.

Dans sa version actuelle, les huit segments de l'ombrelle du robot méduse se contractent simultanément, ce qui lui permet de progresser en ligne droite, mais pas de se diriger avec précision. Pour cela, il faudrait pouvoir contrôler chacun des segments indépendamment des autres, une solution sur laquelle les ingénieurs rament encore.