Ça pourrait être la meilleure nouvelle de l'année à propos des changements climatiques : ils ne causeraient apparemment PAS une hausse de la malaria. Mais à peine parue, l'étude est déjà controversée.

Depuis des années, on tient pour acquis qu'un des impacts négatifs - et des plus inquiétants - du réchauffement de la planète, sera la croissance de maladies tropicales. Le microbe ou l'insecte découvriront, de plus en plus loin vers le nord, des températures qui leur conviennent. Une équipe britannique s'est donc penchée sur les statistiques de la malaria depuis 1900... pour conclure qu'il n'y a aucune corrélation entre la hausse de la température et la géographie de la maladie.

«Le déclin majeur que nous avons mesuré est survenu pendant un siècle de températures en hausse, de sorte qu'un climat changeant ne nous dit pas toute l'histoire», résume Pete Gething, du Projet Atlas Malaria à l'Université d'Oxford, dont l'étude est parue le 20 mai dans Nature.

De toute évidence, poursuit-il, les campagnes de prévention, et l'installation de filets antimoustiques autour des lits, ont un poids bien plus grand sur l'avance ou le recul de la maladie (la malaria est causée par un parasite, Plasmodium falciparum, transmis par un moustique, l'anophèle).

Mais des voix s'élèvent contre cette conclusion. «Ce serait naïf de croire que nous assistons à un recul à long terme et inéluctable de la malaria» déclare, depuis l'Australie - dont le Nord est déjà un point de chute de la malaria - l'épidémiologiste Tony McMichael. Avec d'autres critiques, il rappelle que la malaria tue encore énormément dans des pays d'Afrique où même l'achat d'un filet antimoustiques s'avère hors de prix.

Par ailleurs, même si la maladie ne s'étend pas géographiquement, elle obtiendra une saison plus longue dans ses lieux d'origine, ce qui pourrait fausser tous les calculs - et gonfler la facture des soins de santé dans des pays déjà mal en point. Enfin, il y a le risque que, tôt ou tard, un nombre croissant de parasites développent une résistance aux médicaments.

Cela dit, d'autres experts avaient, avant cette étude-ci, remis en doute l'association entre réchauffement et malaria. Même le dernier rapport du GIEC (Groupe des Nations sur les changements climatiques), en 2007, contenait une section soulignant la nécessité de ne pas tracer de liens hâtifs. Ainsi qu'une allusion à l'allongement de l'été, qui pourrait être un facteur plus important que l'expansion géographique du parasite et de son moustique.

Pour en savoir plus

L'étude sur les changements climatiques et la malaria

https://www.nature.com/nature/journal/v465/n7296/abs/nature09098.html

Controverse autour de cette étude

https://www.abc.net.au/news/stories/2010/05/26/2909836.htm?section=world

https://www.guardian.co.uk/environment/2010/may/21/climate-change-insects

Malaria et rapport du GIEC

https://www.ipcc.ch/publications_and_data/ar4/wg2/en/ch8s8-4-1-2.html