La fusée Ariane est menacée de «déclin» puis de «disparition» faute du développement d'une version plus puissante du lanceur, s'alarme Frédéric d'Allest, président d'honneur d'Arianespace, dans un tribune publiée dans Le Monde mardi.

«Pour la première fois, Ariane est clairement en grave danger de déclin par manque d'anticipation et de volontarisme», juge M. d'Allest, qui fut le premier PDG d'Arianespace, la société chargée de commercialiser les lancements d'Ariane, de 1980 à 1990.

«Personne ne peut sérieusement contester aujourd'hui le besoin pressant de porter la performance d'Ariane 5 de neuf tonnes à douze tonnes en orbite de transfert géostationnaire», écrit-il.

«Le lanceur se trouve en limite de performances sans qu'une version plus puissante soit en cours de développement permettant de prendre la relève à temps», estime encore M. d'Allest.

Si rien ne change, le résultat «imparable» sera «le déclin d'Ariane d'ici trois ou quatre ans et sa disparition du marché commercial au terme d'un petit nombre d'années», prévient M. d'Allest.

Pourtant, il est possible de porter la performance d'Ariane «au niveau requis de 12 tonnes» en utilisant un nouvel étage, dont le développement prendrait «environ cinq années» et «aurait déjà dû être engagé», selon lui.

Le président d'honneur d'Arianespace demande à la France de proposer à ses partenaires au sein de l'Agence spatiale européenne (ESA) «de faire évoluer Ariane pour assurer son avenir», à l'occasion du conseil ministériel sur les affaires spatiales en novembre. «Il ne fait pas de doute qu'elle sera suivie», assure-t-il.