Les greffes de reins d'hommes sur des femmes entraînent plus d'échecs et de phénomènes de rejet comparées aux autres combinaisons selon le sexe, d'après une étude publiée dans l'édition de samedi de la revue médicale britannique The Lancet.

Cette question ne peut plus rester ignorée, souligne le Dr Connie Davis dans un éditorial du Lancet, même s'il juge prématuré d'en tirer des conclusions sur la nécessité d'un tri des receveurs.

L'analyse, conduite par le Pr Alois Gratwohl (hôpital universitaire de Bâle, Suisse) et ses collègues d'Heidelberg (Allemagne), a porté rétrospectivement sur l'enregistrement durant la période 1985- 2004 de 195 516 receveurs de reins (de donneurs décédés) de 400 centres de greffes.

Les auteurs ont trouvé des interactions assez complexes. Ainsi, le rejet de la transplantation est plus courant avec des reins provenant de femmes qu'avec des reins provenant d'hommes, après la première année de greffe ainsi que dix ans après.

Par contraste, les femmes receveuses ont un plus faible taux d'échec de la greffe entre la fin de la première année et celle de la dixième année de la transplantation.

Mais comparé avec les trois autres combinaisons de sexe (H-H, F-F, F-H), la greffe de reins d'homme sur des receveuses est associée avec un accroissement de 8% du risque d'échec de la greffe dans la première année suivant l'intervention.

Cet effet sur le rejet de l'organe greffé proviendrait d'un «antigène» de compatibilité, appelé «H-Y» lié au chromosome mâle Y, qui provoque une réaction immunologique de la part de la receveuse.

«Nous avons besoin de savoir pourquoi la greffe d'un rein provenant d'un homme donne de moins bons résultats chez certaines patientes et pas chez d'autres», relèvent les auteurs.

«Les recherches futures doivent s'atteler à détailler les mécanismes et les possibilités de prévention des rejets liés à ce type d'antigène mineur d'histocompatibilité», notent les auteurs.

Pour les greffes d'organe comme les reins ou le coeur, les risques de rejet reposent habituellement essentiellement sur le système majeur d'histocompatibilité, HLA (pour Human Leucocyte Antigens). Plus les différences HLA sont grandes, plus les réactions de rejet sont importantes.