Il y a deux ans, la majorité des entrepreneurs n'avaient jamais entendu parler du bois FSC, qui provient de forêts exploitées de façon plus écologique. Ce matériau fait maintenant sa place sur les tablettes des détaillants. Bientôt chez nous: un perron, voire un cabanon tout FSC. Chez Denis Brault, c'est toute la maison, jusque dans ses moindres chevrons, qui portera les trois lettres. La Presse, qui suit le chantier depuis le début, est allée constater ce qu'implique ce pari.

Il y a deux ans, la majorité des entrepreneurs n'avaient jamais entendu parler du bois FSC, qui provient de forêts exploitées de façon plus écologique. Ce matériau fait maintenant sa place sur les tablettes des détaillants. Bientôt chez nous: un perron, voire un cabanon tout FSC. Chez Denis Brault, c'est toute la maison, jusque dans ses moindres chevrons, qui portera les trois lettres. La Presse, qui suit le chantier depuis le début, est allée constater ce qu'implique ce pari.

L'électricien Denis Brault croit aux vertus du bois FSC (Forest Stewardship Council). Tellement que les trois lettres se trouvent sur toutes les factures de bois de sa future maison, en chantier à Saint-Basile-le-Grand. Pas question de tourner les coins ronds: il est allé jusqu'à faire certifier les crayons qu'utilisent les ouvriers.

Pourquoi du bois FSC? Parce que le logo signifie que le bois provient d'une forêt exploitée de façon respectueuse de l'environnement. Pas de coupe sauvage et de populations affectées par l'exploitation: pour conserver leur certification, les entreprises forestières doivent montrer patte blanche aux inspecteurs mandatés par le Forest Stewardship Council.

«Avant de construire ma maison, je connaissais vaguement la norme, raconte Denis Brault. En faisant des recherches, j'ai découvert que la philosophie FSC avait vraiment du sens. Avec la construction de ma maison, j'aimerais contribuer à mieux la faire connaître.»

L'électricien ne s'est toutefois pas contenté des pièces de 2X4, 2X6 et des planches de contreplaqué surtout offertes sur le marché. Il tient coûte que coûte à ce que tout le bois que contiendra sa maison soit certifié. S'il réussit, il pourrait vivre dans la première maison au monde entièrement FSC.

Une entreprise colossale

Même si plusieurs exploitants forestiers et entreprises de transformation au Québec se plient naturellement aux règles du Forest Stewardship Council, tous n'ont pas obtenu la certification après enquête. Résultat: peu de bois sur les tablettes portent le fameux logo.

Denis Brault et l'équipe de Construction Sodero, l'entrepreneur chargé de mener à bien son chantier, doivent multiplier les appels téléphoniques, joindre directement les forestières et même modifier la coupe de certains matériaux, faute d'avoir trouvé mieux. Plus d'une centaine d'heures de travail supplémentaire depuis le début des travaux.

«Je savais que ce serait difficile, raconte M. Brault. Je m'en suis fait un défi. Un autre défi!» Car il vise aussi à ce que l'efficacité énergétique de sa maison soit exceptionnelle.

«La demande est présentement plus forte que l'offre», confirme Alexandre Boursier, directeur régional pour Smartwood, l'organisme indépendant chargé de certifier les maillons de la chaîne FSC. «Certaines pièces de bois sont plus rares parce qu'à la source, nous n'avons pas accrédité toutes les forêts, toutes les entreprises de transformation et tous les détaillants. Ça va venir», ajoute-t-il.

La bonne nouvelle pour les écologistes, c'est que les consommateurs connaissent maintenant les vertus du bois certifié... et en demandent en magasin. Cette pression force les entreprises à se faire certifier, donc à se plier aux normes écologiques. Pour 2008 seulement, la direction de Smartwood prévoyait certifier environ 50 entreprises. Elle a récemment multiplié ses prédictions par trois.

«Nos clients sont très renseignés. Beaucoup plus qu'il y a deux ans à peine, ajoute Jean-Charles Doucet, acheteur de bois FSC chez Matériaux Coupal. Ils commencent à commander du bois FSC. Ça nous a forcés à désigner trois magasins où tout le bois est certifié, que les clients le demandent ou pas.»

Le logo, le bonbon

Souvent, le bois plus écologique FSC est marqué d'un logo présentant les trois lettres. Il se pourrait toutefois qu'un madrier ait toutes les qualités recherchées par la norme, qu'il soit uniquement dans les mains d'entreprises certifiées, mais ne soit pas identifié.

«L'étampe, c'est du bonbon, dit Alexandre Bourcier. La seule chose qui vous garantit hors de tout doute que vous achetez du bois FSC, c'est le code indiqué sur la facture. Vous entrez ce code sur le site internet (du Forest Stewardship Council) et vous obtenez alors la confirmation que le détaillant qui vous vend le bois est accrédité, ainsi que tous ceux qui y ont touché avant lui.»

Ça, c'est pour les propriétaires et les constructeurs qui cherchent à faire marquer leur maison du sceau FSC ou LEED, la norme la plus en vogue en habitation écologique. Pour eux, les factures sont essentielles parce qu'ils doivent prouver leurs efforts écologiques.

Les consommateurs simplement soucieux de l'environnement peuvent demander du bois FSC chez un détaillant qui n'est pas certifié. Le bois FSC n'est pas la chasse gardée d'un cercle sélect d'entreprises certifiées. Il est possible d'en trouver dans n'importe quelle quincaillerie.

Le logo devient alors un moyen facile pour les acheteurs de vérifier qu'on leur donne bien ce qu'ils demandent. Le risque de fraude est plutôt mince, mais possible.