Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est arrivé tard mardi soir en Israël à l’heure où les autorités locales examinent la réponse du Hamas à un projet de trêve, incluant la libération d’otages, au cinquième mois d’une guerre meurtrière.

Mardi, le secrétaire d’État américain s’est rendu en Égypte, puis au Qatar, deux pays médiateurs avec les États-Unis, avant de se poser en Israël où il doit s’entretenir mercredi avec de hauts responsables.

L’arrivée de M. Blinken coïncide avec l’étude par Israël d’une nouvelle proposition de trêve sur fond de frappes à Gaza, notamment dans les secteurs de Rafah et Khan Younès, où le ministère de la Santé du Hamas a fait état mardi d’au moins 107 morts en 24 heures.

Au côté de M. Blinken à Doha, le premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, se disant « optimiste » a déclaré : « nous avons reçu une réponse du Hamas concernant le cadre général de l’accord sur les otages. Cette réponse contient quelques commentaires, mais elle est globalement positive ».

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Le secrétaire d’État américain Antony Blinken rencontre le premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani.

« La réponse du Hamas a été transmise par le médiateur qatari au Mossad (les services de renseignement extérieurs israéliens). Les détails sont examinés attentivement par les responsables impliqués dans les négociations », a indiqué un communiqué du bureau du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.  

Le Hamas a confirmé avoir remis sa réponse aux médiateurs égyptiens et qataris, mais sans en préciser la teneur.  

La semaine dernière, une source du mouvement palestinien a affirmé que le projet en trois phases prévoyait notamment une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer de 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus par le Hamas, et une plus grande aide humanitaire à Gaza.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent en Israël de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a entraîné la mort de plus de 1160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza, et lancé une offensive qui a fait 27 585 morts dans le territoire palestinien, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, un mouvement considéré comme terroriste par l’Union européenne et les États-Unis.

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Les frappes incessantes israéliennes ont de nouveau ciblé mardi Khan Younès et Rafah (sur la photo).

Fin novembre, une première trêve d’une semaine a permis l’entrée accrue d’aides, la libération d’une centaine d’otages, sur les quelque 250 emmenés à Gaza le 7 octobre, et de prisonniers palestiniens. 132 otages sont toujours détenus à Gaza, dont 29 seraient morts selon l’armée.

« Nous ne nous arrêterons pas »

M. Blinken, dont le pays est un proche allié d’Israël, a dit qu’il discuterait de la réponse du Hamas avec les dirigeants israéliens mercredi, dans le cadre de sa cinquième tournée au Moyen-Orient depuis le 7 octobre.

Le secrétaire d’État américain, qui s’est rendu en Arabie saoudite, en Égypte et au Qatar, doit aussi se rendre en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

« Il y a encore beaucoup de travail à faire. Mais nous continuons à croire qu’un accord est possible et même essentiel, et nous continuerons à travailler sans relâche pour y parvenir », a dit M. Blinken à Doha.

Selon lui, le projet d’accord, élaboré fin janvier à Paris par les médiateurs qataris, américains et égyptiens, « offre la perspective d’un calme prolongé, d’une libération des otages et d’une augmentation de l’aide » à Gaza, en proie à une crise humanitaire majeure. « Cela serait clairement bénéfique pour tout le monde. »

Jusque-là, le Hamas exige un cessez-le-feu total. Israël de son côté dit qu’il ne mettra fin définitivement à son offensive à Gaza qu’une fois le Hamas éliminé et les otages libérés.

Encore mardi, M. Nétanyahou, cité par son bureau, a déclaré : « nous sommes sur la voie de la victoire totale et nous ne nous arrêterons pas. Cette position est celle de l’écrasante majorité de la population ».

« Anéantir le peuple »

Dans le territoire palestinien dévasté par les frappes israéliennes et décrit comme un « lieu de mort » par l’ONU, les bombardements israéliens notamment à Khan Younès et Rafah dans le sud, se sont poursuivis mardi.  

L’armée israélienne a fait également état de « combats rapprochés » à Khan Younès, ville qu’elle présente comme une place forte du Hamas.

À Rafah, le ministère de la Santé du Hamas a affirmé qu’une frappe israélienne avait tué six policiers palestiniens à bord d’un véhicule. Selon des témoins, ils sécurisaient le passage d’un camion d’aide humanitaire.

Depuis le début de la guerre, des quartiers entiers ont été détruits par les bombardements israéliens et 1,7 de personnes ont été déplacées sur les quelque 2,4 millions d’habitants du petit territoire.

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Rafah, le 6 février 2024

Plus de 1,3 million des déplacés s’entassent dans des conditions désespérées à Rafah, cinq fois la population initiale de cette ville adossée à la frontière fermée avec l’Égypte, selon l’ONU.  

Cette ville pourrait être le prochain objectif d’Israël. Lundi, le ministre de la Défense Yoav Gallant a averti que l’armée « atteindrait des lieux où elle n’a pas encore combattu […] jusqu’au dernier bastion du Hamas, à savoir Rafah ».

« Nétanyahou menace d’envahir Rafah et utilise pour excuse la présence du Hamas […] Israël ne s’arrêtera que quand il aura anéanti le peuple de Gaza », affirme Raed al-Bardani, un déplacé de 32 ans.

Frappes en Syrie

Des frappes israéliennes sur la région de Homs, dans le centre de la Syrie, ont fait cinq morts, dont trois civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), le ministère syrien de la Défense évoquant un nombre indéterminé de civils tués ou blessés.

« Cinq personnes ont été tuées, dont trois civils – une femme, un enfant et un homme – et sept autres ont été blessées dans des frappes israéliennes contre un immeuble du quartier de Hamra dans la ville de Homs », a indiqué l’OSDH, revoyant à la hausse un bilan précédent qui était de quatre morts.

Le ministère syrien de la Défense a quant à lui indiqué que « l’ennemi israélien a mené des frappes aériennes depuis la région au nord de Tripoli (Liban), visant plusieurs cibles dans la ville de Homs et ses environs […] tuant et blessant un certain nombre de civils ».