Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est arrivé lundi en Arabie saoudite, première étape de sa tournée au Proche-Orient pour tenter de parvenir à une trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.

M. Blinken, dont le pays est le principal allié d’Israël, effectue son cinquième voyage dans la région depuis le début de la guerre le 7 octobre. Après Riyad, il doit se rendre au Qatar et en Égypte, deux pays médiateurs dans le conflit, ainsi qu’en Israël et en Cisjordanie occupée.

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Le secrétaire d’État américain Antony Blinken

Lors d’un entretien lundi à Riyad, le secrétaire d’État et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane ont discuté de la nécessité d’une « coordination régionale pour parvenir à une fin durable » de la guerre à Gaza, a déclaré le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.  

En Israël, M. Blinken insistera sur la nécessité de laisser entrer l’aide internationale dans la bande de Gaza, assiégée et plongée dans une crise humanitaire majeure après quatre mois de guerre.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé que 128 personnes avaient été tuées en 24 heures à travers le territoire dévasté.

L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a accusé l’armée israélienne d’une frappe navale sur un convoi d’aide alimentaire qui s’apprêtait à entrer dans le nord de Gaza.  

« De cachette en cachette »

L’armée a indiqué être engagée dans des combats dans le nord et le centre du territoire, où « des centaines de terroristes » ont été tués, et dans des « combats rapprochés » à Khan Younès, la grande ville du sud de Gaza, qui abrite, selon Israël, des responsables du mouvement islamiste palestinien.

Yahya Sinouar, le chef du Hamas dans la bande de Gaza, originaire de cette ville, est « en fuite » et se déplace « de cachette en cachette », a affirmé lundi le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. Il a ajouté que Sinouar ne commandait pas ses forces, mais s’occupait « de sa survie personnelle ».

Des frappes ont aussi visé Rafah, à l’extrême sud du territoire, une ville qui comptait 270 000 habitants avant la guerre, où s’entassent à présent dans des conditions désespérées plus de 1,3 million de personnes ayant fui les combats, selon l’ONU.

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Des enfants palestiniens attendent de recevoir de la nourriture préparée par une cuisine caritative installée à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 février.

La ville surpeuplée, située à la frontière fermée avec l’Égypte, pourrait être le prochain objectif d’Israël qui affirme vouloir « anéantir » le mouvement islamiste, classé organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.

La guerre a éclaté le 7 octobre après une attaque sans précédent menée sur le sol israélien par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a entraîné la mort de plus de 1160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a lancé une offensive militaire qui a fait 27 478 morts dans la bande de Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Un « coup fatal »

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a estimé lundi qu’une « victoire totale » de l’armée à Gaza porterait un « coup fatal » au Hamas, mais aussi à l’Iran et à ses alliés à travers le Moyen-Orient.

Les tractations se poursuivent pour parvenir à une seconde trêve, après celle d’une semaine fin novembre qui avait permis la libération d’une centaine d’otages retenus à Gaza et de 240 Palestiniens détenus par Israël.

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Manifestation exigeant un accord pour libérer les otages retenus par le Hamas, le 4 février à Tel-Aviv

Quelque 250 personnes ont été enlevées le 7 octobre et 132 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 28 seraient morts, selon Israël.

Lors de sa tournée, M. Blinken va appuyer le projet élaboré par les médiateurs qataris, américains et égyptiens à Paris fin janvier, qui doit encore être approuvé par le Hamas et Israël.

Selon une source du Hamas, la proposition prévoit notamment une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer de 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus à Gaza, et 200 à 300 camions d’aide pourront entrer chaque jour dans le territoire.

Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, exige un cessez-le-feu total. Israël de son côté continue d’affirmer qu’il ne mettra fin à son offensive qu’une fois le mouvement islamiste éliminé et les otages libérés.

« Le Hamas a des exigences que nous n’accepterons pas », a déclaré lundi M. Nétanyahou.

Ajoutant à la détresse de la population, l’agence de l’ONU chargée de l’aide aux civils palestiniens, l’UNRWA, est en difficulté après des accusations d’Israël selon lesquelles 12 de ses employés auraient participé à l’attaque du 7 octobre. Plusieurs pays donateurs ont suspendu leurs financements.

Israël a déclaré lundi qu’il prouverait les « liens de l’UNRWA avec le terrorisme », après l’annonce par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres de la création d’un comité indépendant chargé d’évaluer la « neutralité » de l’agence.

Réunion à l’ONU

La guerre à Gaza a provoqué un regain de tension en Cisjordanie occupée, où l’Autorité palestinienne accuse des colons extrémistes de violences meurtrières à l’encontre des Palestiniens.

« Les violences des colons doivent cesser », a déclaré lundi le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné, en visite en Israël. « Il ne peut y avoir en aucun cas de déplacement forcé de Palestiniens, ni en dehors de Gaza ni en dehors de Cisjordanie », a-t-il ajouté après avoir rencontré M. Nétanyahou.

Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit par ailleurs lundi après des frappes américaines menées en Irak et en Syrie en riposte à l’attaque contre une base américaine en Jordanie le 28 janvier, attribuée par Washington à des groupes pro-Iran, dans laquelle trois soldats américains ont été tués.