Israël et la bande de Gaza sont entrés dans l’année 2024 sans pause dans les combats, l’armée israélienne poursuivant son pilonnage intensif du territoire palestinien et le Hamas tirant des tirs de roquettes sur Tel-Aviv et le sud d’Israël au moment exact du Nouvel An.

Les sirènes d’alerte aérienne ont retenti dans plusieurs parties d’Israël, et des journalistes de l’AFP à Tel-Aviv ont été témoins de l’interception des roquettes par les systèmes de défense antimissile israéliens à minuit précis. Des personnes qui célébraient le Nouvel An dans une rue festive ont couru se mettre à l’abri, tandis que d’autres continuaient à faire la fête.

« J’étais terrifié, c’était la première fois que je voyais des missiles, c’est terrifiant, voilà la vie que nous vivons, c’est dingue », a déclaré à l’AFP Gabriel Zemelman, 26 ans, devant un bar de Tel-Aviv où il s’était rassemblé avec ses amis pour le réveillon.

Les brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas au pouvoir à Gaza, ont revendiqué les deux attaques dans une vidéo publiée sur leurs réseaux sociaux, affirmant avoir tiré des roquettes M90 en « réponse aux massacres de civils » perpétrés par Israël.

L’armée israélienne a confirmé l’attaque, sans faire état de victimes ou de dégâts dans un premier temps.

Les célébrations du Nouvel An ont été plus sobres que d’habitude en Israël, même à Tel-Aviv, capitale de la fête, près de trois mois après l’attaque sanglante du Hamas en territoire israélien le 7 octobre qui a déclenché la guerre, et tandis que de nombreux otages sont toujours prisonniers dans la bande de Gaza.

Parmi les jeunes rencontrés dans les rues de Tel-Aviv peu avant l’attaque de roquettes, Ran Stahl, 24 ans, n’avait pas le cœur « à danser » et à s’amuser. « Car à la minute où je commence à danser, la tristesse et le deuil reviennent », raconte le jeune homme, dont un ami est mort dans l’attaque du festival de musique Tribe of Nova le 7 octobre.

Dans la bande de Gaza, assiégée et dans une situation humanitaire désespérée pour les Palestiniens, les bombardements continuent sans relâche. La guerre se poursuivra encore pendant « de nombreux mois », a averti le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.

« Des martyrs partout »

Au moins 48 Palestiniens ont été tués dans des frappes sur la ville de Gaza dans la nuit de samedi à dimanche, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas. Dix-huit corps ont été retrouvés jusqu’ici. Une autre frappe sur le campus de l’Université Al-Aqsa de Gaza a fait au moins 20 morts, selon la même source.

« Après l’explosion, nous sommes arrivés sur les lieux et nous avons vu des martyrs partout », a témoigné Mohamed Btihan, un habitant de Gaza.

L’armée israélienne a indiqué avoir tué plus d’une dizaine de combattants ennemis lors d’affrontements au sol, de frappes aériennes et de tirs de chars, ajoutant avoir localisé des tunnels du Hamas et des explosifs dans une école maternelle.

PHOTO MOHAMMED DAHMAN, ASSOCIATED PRESS

Des Palestiniens fouillent les décombres à la suite d’une frappe israélienne sur la ville de Khan Younès.

« L’année 2023 a été la pire de ma vie », raconte à l’AFP Ahmed al-Baz, 33 ans, qui a dû quitter son domicile dans la ville de Gaza pour un camp de fortune à Rafah, dans le sud du territoire. « Nous avons vécu une tragédie que même nos grands-parents n’ont pas connue », poursuit-il. « Nous avons vécu l’enfer et côtoyé la mort elle-même. »

« Assez de cette guerre ! Nous sommes totalement épuisés. Nous sommes constamment déplacés d’un endroit à l’autre, dans le froid », se plaint Oum Louay Abou Khater, 49 ans, dans le même camp.

L’attaque du Hamas le 7 octobre a fait environ 1140 morts en Israël, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. En réaction, Israël a juré de « détruire » le mouvement palestinien, et pilonne sans relâche la bande de Gaza où 129 personnes sur les quelque 250 enlevées le 7 octobre en Israël sont toujours retenues en otage.

Près de 22 000 morts

Selon un nouveau bilan annoncé dimanche par le ministère de la Santé du Hamas, 21 822 personnes, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, ont été tuées dans le petit territoire palestinien surpeuplé depuis le début de la guerre, et 56 451 blessés.

Ces dernières semaines, l’armée israélienne s’est déployée dans le nord de la bande de Gaza, puis vers Khan Younès (sud) et récemment dans les camps du centre de ce territoire où 1,9 million d’habitants (85 % de la population) ont dû fuir leur foyer en raison des combats.

PHOTO MOHAMMED DAHMAN, ASSOCIATED PRESS

Des Palestiniens blessés reçoivent des soins dans l’hôpital Nasser à Khan Younès.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre la menace croissante de propagation de maladies infectieuses et l’ONU a dit craindre une famine.

Les médiateurs internationaux, menés par le Qatar et l’Égypte, étaient parvenus à négocier une trêve d’une semaine fin novembre ayant permis la libération de plus de 100 otages et l’entrée à Gaza d’une aide limitée. Ils poursuivent actuellement leurs efforts en vue d’une nouvelle pause dans les combats.

Une délégation du Hamas, mouvement classé organisation terroriste par l’UE, les États-Unis et Israël notamment, s’est rendue vendredi au Caire pour transmettre « la réponse des factions palestiniennes » à un plan égyptien prévoyant la libération d’otages et une pause dans les hostilités.

Cette réponse sera donnée « dans les prochains jours », a affirmé dans un communiqué Muhammad al-Hindi, secrétaire général adjoint du Djihad islamique, un groupe armé combattant aux côtés du Hamas.

« Avion hostile »

PHOTO -, AGENCE FRANCE-PRESSE

De la fumée s’élève après un bombardement israélien sur la ville de Kfar Kila, au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 30 décembre 2023.

La guerre à Gaza a ravivé les tensions à la frontière entre le Liban et Israël, théâtre quasi quotidien d’échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, mouvement islamiste proche de l’Iran et qui soutient le Hamas.

L’armée israélienne a également annoncé dimanche soir avoir identifié et intercepté une « cible aérienne hostile » en provenance de Syrie, selon elle. Elle dit avoir également intercepté un « avion hostile » qui se dirigeait vers son territoire.

En mer Rouge, l’armée américaine a annoncé dimanche avoir coulé trois bateaux des rebelles yéménites houthis alliés de l’Iran, accusés d’avoir attaqué un porte-conteneurs. Dix d’entre eux ont été tués par cette attaque de « l’ennemi américain », a confirmé sur X (ex-Twitter) le porte-parole des rebelles Yahya Saree.  

Depuis le début de la guerre le 7 octobre, les houthis affichent leur soutien aux Palestiniens de Gaza en menaçant le trafic sur cette voie maritime stratégique.