(Washington) Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken retourne au Proche-Orient pour la deuxième fois en quelques semaines afin d’afficher le soutien continu des États-Unis à Israël, mais aussi faire pression au moment où les évacuations de ressortissants étrangers de Gaza se poursuivent.

Lors de ce déplacement vendredi à Tel-Aviv, puis ce week-end en Jordanie, M. Blinken affiche plusieurs objectifs : faire pression sur l’allié israélien pour protéger les civils palestiniens de Gaza et en Cisjordanie, et assurer un flux continu de l’aide humanitaire qui arrive encore trop peu dans la bande de Gaza, bombardée sans relâche par l’armée israélienne.

« Nous allons parler de mesures concrètes qui peuvent et doivent être prises pour minimiser les dommages causés aux hommes, aux femmes et aux enfants de Gaza », a déclaré le chef de la diplomatie américaine avant de quitter Washington.  

Premier soutien d’Israël, politique et militaire, les États-Unis affichent un appui sans faille à Israël depuis l’attaque d’une violence inouïe du Hamas le 7 octobre, mais prennent la mesure des pressions internationales croissantes sur le nombre de civils palestiniens tués dans des représailles israéliennes que certains jugent « disproportionnées ».

M. Blinken a réaffirmé le « droit d’Israël à se défendre » après l’attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien mais dans la lignée du changement subtil de ton du président Joe Biden, il s’est aussi alarmé des souffrances endurées par les civils palestiniens.  

« Quand je vois un enfant palestinien, un garçon, une fille, être extrait des décombres d’un immeuble effondré, cela me touche au cœur, autant que de voir un enfant en Israël ou n’importe où ailleurs ».  

Parallèlement, les États-Unis se sont félicités des premières évacuations de citoyens américains de la bande de Gaza, par le poste-frontière de Rafah avec l’Égypte, et s’attendent à d’autres départs, forts d’intenses négociations par l’entremise de l’Égypte et du Qatar.

« Mécanismes urgents »

Le président Joe Biden a annoncé jeudi que 74 binationaux détenteurs de passeports américains avaient ainsi été évacués de la bande de Gaza après avoir promis la veille que le « processus » allait « continuer ces prochains jours ».

Washington n’a pas précisé le nombre d’Américains concernés. Lors d’une audition au Congrès mardi, le secrétaire d’État avait cependant parlé de quelque 1000 personnes dont 400 de nationalité américaine et leurs proches.

En Israël vendredi, M. Blinken aura notamment des entretiens avec le premier ministre Benyamin Nétanyahou et fera le point sur la situation, selon son porte-parole Matthew Miller.

Il se rendra ensuite en Jordanie, dont les relations avec Israël se sont sérieusement dégradées, et de possibles autres étapes non annoncées ne sont pas exclues.

Le chef de la diplomatie américaine avait effectué une tournée marathon dans la région le mois dernier, et le président Biden et lui-même se sont entretenus avec le roi Abdallah II à de multiples reprises appelant à des « mécanismes urgents » pour enrayer les violences.

M. Blinken devrait profiter de son voyage pour tenter à nouveau de plaider la solution à deux États, israélien et palestinien, selon des diplomates.

Mardi au Congrès, il avait affirmé que l’Autorité palestinienne devrait reprendre le contrôle de la bande de Gaza au Hamas, et que de tierces parties internationales pourraient peut-être jouer un rôle lors d’une période intérimaire.

« Prévenir l’escalade »

La guerre déclenchée par l’attaque du Hamas en territoire israélien a déjà fait des milliers de morts et menace d’embraser toute la région.

Antony Blinken a assuré que les États-Unis faisaient tout pour empêcher une escalade du conflit entre Israël et le Hamas alors que les rebelles houthis au Yémen et le Hezbollah libanais, tous deux soutenus par l’Iran, ont lancé des attaques contre Israël.  

« Nous sommes déterminés à prévenir toute escalade », a-t-il prévenu.

Au-delà de Gaza, la situation en Cisjordanie inquiète aussi tout particulièrement, et le secrétaire d’État devrait aussi appeler à l’arrêt des violences commises par des colons israéliens à l’encontre des Palestiniens en Cisjordanie occupée, qualifiées d’« incroyablement déstabilisatrices ».

Après le Proche-Orient, Antony Blinken doit poursuivre sa tournée la semaine prochaine en Asie, au Japon, Corée du Sud et en Inde, histoire de garder la région Asie-Pacifique dans le viseur de l’Amérique.