(Jérusalem) Les parlementaires israéliens ont adopté lundi soir en première lecture un projet de loi visant à limiter le nombre d’années au pouvoir d’un premier ministre, qualifié par l’opposition de loi « anti-Nétanyahou » car elle pourrait empêcher l’ancien premier ministre de revenir au pouvoir.  

Ce projet, soutenu par une majorité de 66 élus des 120 de la Knesset (Parlement), vise à changer une loi fondamentale de l’État d’Israël afin de limiter à huit ans le nombre d’années d’un élu à la tête du gouvernement, à moins que trois ans se soient écoulés entre deux mandats.  

À l’heure actuelle, aucune loi en Israël ne limite le nombre de mandats au pouvoir d’un premier ministre.  

Comme l’actuel chef de l’opposition Benyamin Nétanyahou, 72 ans, a été le plus pérenne des chefs de gouvernement de l’histoire du pays, avec 15 ans au pouvoir dont le dernier mandat jusqu’en juin dernier, l’adoption finale de cette mesure aurait pour effet de l’empêcher d’être à nouveau premier ministre à court terme, voire à jamais.

« Le pouvoir continu d’une seule personne est mauvais pour la démocratie », a déclaré lundi soir le ministre de la Justice, Gideon Saar, membre d’une coalition hétéroclite ayant chassé du pouvoir en juin dernier Benyamin Nétanyahou, avant le vote, en première lecture, des députés.

Ce vote préliminaire permet désormais au projet de loi d’être étudié par les comités parlementaires avant des votes définitifs en 2e et 3e lectures.   

« Cette loi est une loi personnelle visant à empêcher Nétanyahou de revenir au pouvoir contre la volonté du peuple », a dénoncé la députée Miri Regev, une proche de M. Nétanyahou et membre de son parti, le Likoud (droite).

Une coalition de 61 députés, menée par Naftali Bennett, dirigeant du parti de droite radicale Yamina, et Yaïr Lapid, chef du parti centriste Yesh Atid (« Il y a un futur » en hébreu), a succédé en juin dernier au dernier gouvernement dirigé par Benyamin Nétanyahou, en poste depuis 2009 sans interruption, et au pouvoir préalablement de 1996 à 1999.

Actuellement jugé pour corruption dans une série d’affaires, Benyamin Nétanyahou reste toutefois loin en avance devant ses principaux rivaux politiques dans les intentions de vote, selon de récents sondages.