Le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, a signé mercredi un accord lui permettant de prendre de nouveaux territoires aux rebelles et contrôle désormais 75 % de la province d'Idleb et de ses environs, selon une ONG.

Située dans le nord-ouest de la Syrie en guerre, la province d'Idleb ainsi que des segments des provinces voisines d'Alep, de Hama et de Lattaquié échappent toujours au contrôle du régime de Bachar al-Assad et abritent une myriade de groupes rebelles et djihadistes.

« HTS a pris mercredi le contrôle de la région de Sahl Al-Ghab et de Jabal Chahchabo, à cheval entre le sud d'Idleb et le nord de Hama, après avoir conclu un accord avec des rebelles » affiliés à Ahrar al-Cham, a indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Cette vaste zone montagneuse juxtaposée à une plaine agricole abrite plusieurs dizaines de localités et de villages, selon l'OSDH.

Grâce à cet accord, les djihadistes de HTS contrôlent désormais 75 % des 9000 kilomètres carrés du bastion rebelle et djihadiste d'Idleb et de ses environs, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.  

D'autres groupes djihadistes en détiennent 5 %. Les rebelles, regroupés notamment au sein du Front national de libération (FNL) - une coalition appuyée par la Turquie - ont eux continué à perdre du terrain, et ne tiennent plus que 20 % de cette zone.

HTS a indiqué sur son organe de propagande sur Telegram que « l'accord porte sur l'autodissolution du groupe (rebelle) Ahrar al-Cham [...] et le passage de la région sous le contrôle du "gouvernement du salut" », une administration locale mise en place par HTS.  

Ces derniers jours, les djihadistes avaient lancé un assaut contre les factions rebelles, ayant fait plus de 130 morts, et pris le contrôle d'une cinquantaine de localités et villages, notamment dans l'ouest de la province d'Alep, un secteur tombé intégralement aux mains de HTS.  

Le 17 septembre, Moscou et Ankara ont conclu un accord sur la création d'une « zone démilitarisée » dans la province d'Idleb et ses environs.

Cette initiative prévoyait la mise en place d'une zone tampon pour séparer les secteurs insurgés des régions gouvernementales adjacentes et éviter ainsi une offensive d'envergure du régime syrien et de son allié russe.

Cet accord n'a toutefois été que partiellement respecté, les djihadistes refusant de se retirer de la zone de séparation.

La guerre en Syrie a éclaté en 2011 après la répression par le régime de manifestations prodémocratie. Elle s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de groupes djihadistes et de puissances étrangères. Le conflit a fait plus de 360 000 morts.