La mort de plus de cinquante manifestants tués par l'armée israélienne à la frontière de la bande de Gaza a suscité lundi de vives réactions diplomatiques, notamment en Turquie et en Afrique du Sud qui ont rappelé leur ambassadeur en Israël, les États-Unis fustigeant quant à eux le mouvement palestinien Hamas.

«La responsabilité de ces morts tragiques repose entièrement sur le Hamas», qui a provoqué «intentionnellement et cyniquement cette réponse» d'Israël, a déclaré Raj Shah, le porte-parole adjoint de la présidence américaine.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a lui aussi dénoncé cette «organisation terroriste» et martelé que «tout pays a l'obligation de défendre son territoire».

Le président palestinien Mahmoud Abbas a de son côté déploré un «massacre».

L'Afrique du Sud a été jusqu'à rappeler son ambassadeur en Israël, et ce «jusqu'à nouvel ordre», en raison des violences contre les Palestiniens. La Turquie, qui a dénoncé un «génocide», a fait de même, pour consultations, avec les chefs de ses représentations diplomatiques à Tel-Aviv et à Washington.

De nombreux pays, dont la Grande-Bretagne, la France et la Russie, ont pour leur part réprouvé l'ouverture de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, dont le transfert avait été désavoué par 128 des 193 pays membres de l'ONU.

L'inauguration lundi a provoqué une manifestation de dizaines de milliers de personnes dans la bande de Gaza. Plus de cinquante ont été tuées par les soldats israéliens à la frontière.

«Les responsables de ces violations flagrantes des droits de l'Homme doivent rendre des comptes», a commenté le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU Zeid Ra'ad Al Hussein. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s'est dit «particulièrement inquiet» de la situation.

Pour Amnesty International, ce sont des «crimes de guerre», Human Rights Watch (HRW) évoquant «un bain de sang que n'importe qui aurait pu voir venir».

- France: Le président Emmanuel Macron a «condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants» dans des entretiens téléphoniques avec Mahmoud Abbas et le roi de Jordanie Abdallah II. Il a réaffirmé «la désapprobation de la France à l'encontre de la décision américaine d'ouvrir une ambassade à Jérusalem» et souligné que le statut de cette ville ne pourrait «être déterminé qu'entre les parties, dans un cadre négocié sous l'égide de la communauté internationale».

- Turquie: «Israël sème le terrorisme d'État. Israël est un État terroriste», a accusé le président turc Recep Tayyip Erdogan, avant d'ajouter: «ce qu'Israël a fait est un génocide. Je condamne ce drame humanitaire, ce génocide, d'où qu'il vienne, d'Israël ou d'Amérique». La Turquie, où M. Erdogan a décrété trois jours de deuil national, a dans le même temps rappelé pour consultations ses ambassadeurs à Tel-Aviv et à Washington. Le vice-premier ministre Bekir Bozdag a affirmé que le gouvernement américain était «autant responsable qu'Israël de ce massacre».

- Afrique du Sud: «En raison du caractère grave et aveugle de la dernière attaque israélienne», l'Afrique du Sud a décidé de rappeler «jusqu'à nouvel ordre» son ambassadeur en Israël.

- Koweït: «Nous condamnons ce qui s'est passé», a réagi l'ambassadeur du Koweït à l'ONU, Mansour al-Otaibi, dont le pays a appelé à une réunion mardi du Conseil de sécurité des Nations unies.

- Grande-Bretagne: «Nous appelons au calme et à la retenue pour éviter des actions destructrices pour les efforts de paix», a dit un porte-parole de la première ministre Theresa May.

- Russie: Interrogé pour savoir si le transfert de l'ambassade des États-Unis faisait redouter à la Russie une aggravation de la situation dans la région, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a répondu: «Oui, nous avons de telles craintes, nous l'avons déjà dit». «Le sort de Jérusalem doit être décidé par un dialogue direct avec les Palestiniens», a martelé le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

- Union européenne: «Nous demandons à toutes les parties d'agir avec la plus grande retenue», a déclaré Federica Mogherini, qui dirige la diplomatie européenne.

- Canada: «C'est inexcusable que des civils, des journalistes et des enfants aient été des victimes», a réagi la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.

- Égypte: Le ministère des Affaires étrangères a qualifié les personnes tuées de «martyres» et mis en garde contre une «escalade». Le grand mufti Shawki Allam a dénoncé, avec l'ouverture de l'ambassade des États-Unis, «un affront direct et clair aux sentiments de plus d'un milliard et demi de musulmans sur terre», qui «ouvre la porte à davantage de conflits et de guerres dans la région».

- Arabie saoudite: «L'Arabie saoudite condamne avec force les tirs des forces d'occupation israéliennes contre des civils palestiniens désarmés», a dit son ministère des Affaires étrangères, sans évoquer l'inauguration de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem.

- Iran: «Le régime israélien massacre de sang-froid d'innombrables Palestiniens qui manifestent dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde», a affirmé le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, avant de proclamer que c'est «un jour de grande honte».

- Syrie: «La Syrie condamne (...) le massacre» de «civils palestiniens non armés», selon une source au ministère des Affaires étrangères.

- Belgique: «J'appelle à éviter tout usage disproportionné de la force», a écrit le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders.

- Norvège: Pour la ministre des Affaires étrangères, Ine Eriksen Soreide, «il est inacceptable de tirer à balles réelles sur des manifestants».

- Brésil: «Le Brésil lance un appel à la modération, à la paix», a réagi son président Michel Temer qui a déploré «les terribles violences».

- Organisation de la coopération islamique (OCI): L'OCI, formée de 57 membres, a qualifié d'«illégale» la décision américaine.

- Maroc: Le roi Mohammed VI a dénoncé une «décision unilatérale».