Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé que son allié russe n'avait «jamais» évoqué avec lui son départ, avant des entretiens à Moscou du secrétaire d'État américain John Kerry pour tenter de ressusciter le processus de paix en Syrie.

Depuis plusieurs mois, Russes et Américains multiplient les efforts pour relancer des pourparlers entre le régime de Damas et les groupes rebelles afin de trouver une issue -via un processus de transition politique- à un conflit meurtrier qui a engendré une grave crise humanitaire.

Interrogé par NBC News sur le fait de savoir si le président russe Vladimir Poutine ou le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avaient évoqué avec lui ce processus pouvant aboutir à son départ, M. Assad a été catégorique: «Jamais, parce que (...) cette question revient au peuple syrien».

«Seul le peuple syrien peut dire qui sera président, quand il doit venir, quand il doit partir. Ils (les Russes) n'ont jamais dit un mot là-dessus», a-t-il martelé, lors d'un entretien mené à Damas et publié jeudi.

Ces déclarations de M. Assad, dont le clan dirige la Syrie depuis plus d'un demi-siècle, interviennent avant l'arrivée jeudi à Moscou de John Kerry qui doit s'entretenir avec MM. Poutine et Lavrov.

À la question de savoir s'il était «inquiet» de voir Américains et Russes parvenir à un «accord» sur son départ, M. Assad a répondu par la négative: «Parce que la politique des Russes n'est pas basée sur le fait de passer des accords mais sur des valeurs».

«C'est pour cela que vous ne voyez aucun accord entre eux et les Américains, car les principes (des deux pays) diffèrent», a-t-il ajouté.

«Responsable» de sa propre mort

Depuis le début de la révolte contre le régime de Damas en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 280.000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes, provoquant une crise humanitaire majeure dans les pays voisins et en Europe.

Et près de 600 000 personnes vivent actuellement dans des zones assiégées en Syrie, notamment par les troupes du régime, d'après l'ONU.

Dans cet entretien, M. Assad a soutenu que la journaliste américaine Marie Colvin, tuée dans un bombardement imputé au régime syrien en 2012 à Homs (centre), était «responsable» de sa propre mort.

Elle «est entrée illégalement en Syrie, a travaillé avec les terroristes (le régime qualifie tous les rebelles de terroristes, NDLR) (...) Elle est donc responsable de tout ce qu'il lui est arrivé», a jugé le président syrien.

Sur le terrain, le conflit syrien implique de multiples acteurs rivaux -locaux, régionaux et internationaux- dans un contexte de montée en puissance des groupes jihadistes Etat islamique (EI) et Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda), qui échappent à tout contrôle.

Mercredi soir, une agence liée à l'EI a rapporté qu'Omar al-Shishani dit «Omar le Tchétchène», l'un des commandants les plus en vue du groupe ultraradical sunnite, avait été tué en Irak.

Il s'agit d'un coup dur pour l'EI, à l'heure où les forces irakiennes et la coalition internationale antijihadistes intensifient leurs préparatifs en vue de reprendre Mossoul aux jihadistes, qui en ont fait leur «capitale» en Irak depuis sa conquête en juin 2014.

«Omar le Tchétchène», reconnaissable à son abondante barbe rousse et connu pour son ardeur au combat, était dans le collimateur de l'administration américaine qui le présentait comme un «chef de guerre expérimenté», occupant des fonctions similaires à un «ministre de la Défense» au sein de l'organisation jihadiste. Elle avait mis sa tête à prix pour cinq millions de dollars.