Les forces loyalistes ont repris en moins d'un mois aux rebelles chiites quatre provinces du sud du Yémen à la faveur d'une vaste offensive lancée avec l'aide des frappes d'une coalition arabe commandée par l'Arabie saoudite.

Munies d'armement et équipements modernes fournis par cette coalition, les forces fidèles au président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi se sont même emparées mardi d'une ville, Outmah, située à une centaine de km au sud de la capitale Sanaa contrôlée par les Houthis depuis janvier, selon des sources militaires loyalistes.

Des combats se déroulent aussi à Arhab, à 25 km seulement au nord de Sanaa entre les rebelles pro-iraniens et des membres des Comités de la résistance populaire, forces loyalistes composées de combattants progouvernementaux, de tribus sunnites et de séparatistes sudistes, ont-ils ajouté.

«Sanaa est dans la ligne de mire» des loyalistes, a relevé l'analyste Mustafa Al-Ani du Gul Research Centre en estimant que la prochaine grosse bataille aurait lieu à Taëz (sud-ouest), troisième ville du pays.

«L'intervention directe des pays de la coalition a complètement changé la situation sur le terrain», a-t-il souligné.

Bataille décisive de Taëz

«Celui qui l'emportera à Taëz l'emportera partout au Yémen», a pour sa part estimé l'analyste yéménite Abdel Aziz Al-Sabri.

La reprise de la ville d'Outmah située dans la province à majorité chiite de Dhammar (centre), constitue un nouveau succès pour les pro-Hadi qui ont aussi reconquis six localités de la province d'Ibb, plus au sud.

Après la reprise de la province d'Aden, la capitale du Sud et deuxième ville du pays le 17 juillet, les pro-Hadi ont lancé une offensive d'envergure qui leur a permis de chasser les rebelles des provinces de Lahj, de Daleh et d'Abyane.

Les loyalistes cherchent maintenant à contrôler la province de Chabwa, l'un des derniers bastions du camp rebelle dans le Sud.

Les forces progouvernementales affrontent depuis plus de quatre mois les Houthis qui, avec l'aide des militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, se sont emparés de larges pans du territoire, dont Sanaa à la faveur d'une vaste offensive lancée en juillet 2014 à partir de leur fief de Saada (nord).

Leur progression dans le sud fin mars avait contraint M. Hadi et son gouvernement à s'exiler en Arabie saoudite voisine et entraîné une intervention de la coalition pour empêcher les insurgés de prendre totalement le contrôle du pays.

Les succès des pro-Hadi surviennent après la fourniture par la coalition d'une aide militaire et matérielle. La semaine dernière, une source militaire a en outre évoqué la présence à Aden de «centaines de soldats des pays du Golfe» membres de la coalition, arrivés avec des dizaines de tanks et de véhicules blindés.

Cri d'alarme pour les civils

Le conflit a fait depuis mars près de 4400 morts et des milliers de blessés, selon un bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié mardi. 21 millions de personnes ont besoin d'aide ou de protection et 1,3 million de Yéménites ont été déplacés selon l'ONU.

Au retour d'une visite de trois jours au Yémen, le président de la Croix Rouge internationale a estimé dans un communiqué que la situation au Yémen «empirait de jour en jour». «Cela ne peut durer. Le Yémen s'effondre», a dit Peter Maurer en appelant «à faciliter l'acheminement de la nourriture, des médicaments et de l'eau à la population».

Le rapporteur de l'ONU sur le droit à la nourriture a quant à lui lancé un cri d'alarme sur l'aggravation rapide du niveau de malnutrition au Yémen.

«La situation concernant les enfants est particulièrement alarmante, des rapports indiquent que 850 000 souffrent de malnutrition sévère, un chiffre qui peut atteindre 1,2 million dans les prochaines semaines si le conflit persiste au niveau actuel», a dit Hilal Elver.

L'OMS s'est inquiétée de l'état des centres de santé, en indiquant que 23% de ces établissements avaient cessé de fonctionner ou fonctionnent partiellement.

Pendant sa visite à Sanaa, Stephen O'Brien, adjoint du secrétaire général de l'ONU pour les affaires humanitaires, a plaidé pour une solution négociée du conflit, seul moyen, selon lui, de surmonter la crise humanitaire.