Deux Israéliens sont retenus en otages par le Hamas à Gaza, a annoncé jeudi Israël, le mouvement islamiste palestinien se servant de longue date d'otages comme monnaie d'échange dans ses négociations indirectes avec l'État hébreu.

Ni le Hamas qui contrôle la bande de Gaza, ni sa branche armée, les brigades Ezzedine al-Qassam, ne se sont exprimés officiellement sur cette affaire. Un cadre du Hamas a assuré à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, qu'«aucune négociation n'avait été officiellement engagée» avec Israël sur ces rapts qu'il n'a ni confirmés ni infirmés.

Sur la foi de «renseignements crédibles», le ministère israélien de la Défense a rendu publiques les informations, jusqu'ici sous le coup d'une censure militaire, selon lesquelles Avraham Mengistu, un Israélien d'origine éthiopienne né en 1986, «est retenu contre son gré par le Hamas à Gaza».

L'Israélien est entré à Gaza le 7 septembre 2014, peu après la fin de la dernière offensive d'Israël qui a ravagé l'enclave palestinienne en juillet-août 2014, selon le ministère. Un Arabe israélien est également détenu à Gaza, a-t-il ajouté sans autre précision.

Mais le ministre de la Défense Moshé Yaalon a affirmé que les «deux sont détenus par le Hamas».

Et le premier ministre Benjamin Netanyahu a dit dans un communiqué tenir «le Hamas responsable du bien-être» des deux hommes. «J'attends de la communauté internationale, qui exprime son inquiétude sur la situation humanitaire à Gaza, qu'elle appelle de façon claire à la libération de ces citoyens et à leur retour».

Fin 2011, Israël a libéré un millier de détenus palestiniens en échange de la libération par le Hamas du soldat franco-israélien Gilad Shalit. Mais depuis, des dizaines de ces prisonniers élargis ont de nouveau été arrêtés et certains ont écopé de peines de prison à perpétuité.

Appel de la famille

Israël a annoncé avoir «fait appel à des interlocuteurs internationaux et régionaux pour qu'ils demandent la libération immédiate de M. Mengistu et obtiennent des informations sur son état».

L'État hébreu interdit à ses citoyens d'entrer dans la bande de Gaza, de crainte notamment qu'ils ne soient capturés et utilisés comme monnaie d'échange par les groupes armés pour exiger la libération de prisonniers palestiniens.

Cette affaire avait été soumise à la censure militaire qui a été levée jeudi. Le cas de l'Arabe israélien est néanmoins toujours sous censure.

Le frère d'Avraham Mengistu, Asho, s'est adressé à la presse devant la maison familiale à Ashkelon, à 20 km de Gaza. «C'est un cas humanitaire, car il n'est pas en bonne santé», a-t-il plaidé, entouré de ses proches, dont sa mère en larmes, sans fournir d'autres détails.

«Nous demandons au gouvernement de le ramener sain et sauf, nous demandons à la communauté internationale d'intervenir, nous demandons au Hamas de le libérer», a-t-il encore lancé.

Un ami de la famille Mengistu, Avi Yaalo, a indiqué que les proches du jeune homme avaient été prévenus par les autorités, mais qu'il leur avait été demandé de garder le silence.

Échange

Israël et le Hamas ont récemment annoncé avoir renoué des «contacts indirects» via des médiateurs internationaux pour tenter de parvenir à une trêve de longue durée en échange d'un allègement du blocus imposé par Israël depuis l'enlèvement en 2006 du soldat Shalit.

L'ancien chef du Shin Beth, la sécurité intérieure, Avi Dichter, a dit à la radio militaire espérer pouvoir combiner les négociations sur les deux Israéliens disparus à Gaza au rapatriement de corps de deux soldats israéliens.

Le cadre du Hamas a néanmoins prévenu que «rien n'est gratuit: avant même toute discussion, le Hamas exigera la libération de tous les Palestiniens relâchés en échange du soldat Gilad Shalit et de nouveau emprisonnés» par Israël.

En août 2014, au moment du cessez-le-feu, le Hamas a affirmé avoir mis la main sur les restes de deux soldats israéliens tués pendant la guerre, Hadar Goldin et Oron Shaoul. Israël a déjà échangé par le passé des dépouilles de certains de ses soldats tués contre des prisonniers, notamment avec le Hezbollah libanais.