Le gouvernement israélien de Benyamin Nétanyahou va au-devant d'une semaine capitale et incertaine, avec l'examen d'un texte de loi très controversé, qui pourrait décider de sa survie ou d'élections anticipées.

Cette précaire coalition, un attelage de ministres de cinq partis allant du centre à la droite religieuse et ultranationaliste, se déchire depuis des semaines.

Le Parlement israélien (Knesset) examinera à partir de mercredi le principal sujet de discorde, un projet de loi qui prévoit de ne plus définir Israël comme un État «juif et démocratique» mais comme «l'État national du peuple juif» dans les Lois fondamentales, qui font office de Constitution.

Les députés devront se prononcer en première lecture sur ce texte, porté par M. Nétanyahou et approuvé par son gouvernement au prix de débats extrêmement houleux.

Le centre, mené par les ministres de la Justice Tzipi Livni et des Finances Yair Lapid, a voté contre au gouvernement.

Le président Reuven Rivlin, membre du Likoud, le parti de M. Nétanyahou, a dit ne pas «comprendre l'intérêt de cette loi», tandis que son prédécesseur Shimon Peres a estimé qu'il «causera des dégâts pour le pays, en interne et à l'international».

Selon ses détracteurs, le texte touche aux fondements mêmes de l'État, pour y inscrire officiellement le racisme et la discrimination.

Pour Mordechaï Kremnitzer, chercheur de l'Institut démocratique d'Israël, ce texte divise ainsi «la société israélienne en deux camps».

Ce projet est présenté au moment même où les tensions avec les Palestiniens sont à leur comble à Jérusalem et que de récentes manifestations des Arabes-Israéliens, qui représentent plus de 20 % de la population israélienne, ont fait craindre un embrasement généralisé.

De plus, en cristallisant les clivages, ce texte - un gage donné par M. Nétanyahou à sa droite avant les primaires de son parti en janvier selon les experts - paralyse le gouvernement, qui ne parvient pas à s'entendre sur plusieurs autres projets de loi touchant au budget, à la santé ou à la sécurité.

Nouveau parti 

Alors qu'une dissolution de la Knesset et la tenue d'élections anticipées se profilent, certains sur l'échiquier politique israélien commencent à avancer leurs pions.

Le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, l'un des faucons de la droite ultranationaliste, a opportunément publié vendredi la plate-forme de propositions de son parti, tandis qu'un ancien ministre, le populaire Moshé Kalon, un ancien du Likoud, annonçait le même jour son retour à la tête d'un nouveau parti.

En outre, selon les médias locaux, des tractations seraient en cours entre Benyamin Nétanyahou et les partis ultra-orthodoxes, qu'il souhaiterait voir entrer au gouvernement, en remplacement du centre, vent debout contre son récent projet.

Les élections générales étaient prévues pour novembre 2017. Mais pour le Jerusalem Post, le premier ministre pourrait proposer durant la semaine à venir un projet de dissolution de la Knesset, appelant à des élections en mars.

Et le journal de citer une source proche de M. Nétanyahou qui affirme que s'il «est trop tôt pour prononcer l'oraison funèbre de la coalition», il se pourrait qu'il n'y ait «pas d'autre choix que d'avancer les élections».

En juillet, le Likoud était crédité dans les sondages de plus d'un quart des sièges à la Knesset - 31 contre 18 actuellement -, mais aujourd'hui, selon un sondage publié par le Globes, il n'en aurait plus que 23, sur 120. Pour le quotidien économique, le parti a besoin d'«élections anticipées, et vite».