Au moins 42 personnes ont été tuées au Yémen en dix jours d'affrontements entre des islamistes sunnites et des rebelles chiites, ont indiqué lundi des sources tribales et locales.

Les tensions s'intensifient alors que le difficile dialogue national, entamé il y a plus de cinq mois, doit se clôturer le 18 septembre, le pays cherchant à se doter d'une Constitution, à la suite du départ du président Ali Abdallah Saleh sous la pression de la rue en février 2012.

Des accrochages opposent depuis plusieurs jours des hommes armés partisans du chef tribal Hamid al-Ahmar, un dirigeant du parti islamiste sunnite Al-Islah, et des rebelles zaïdites, une branche du chiisme, dans la province d'Amrane, au nord de Sanaa, selon plusieurs sources tribales.

Plus de 30 personnes ont été tuées dans ces violences dans les régions de Osaymat et Ozur, qui portent respectivement les noms d'une tribu sunnite et d'une autre chiite, a indiqué à l'AFP un chef tribal.

Au moins 12 autres ont été tuées dans des combats à Rudma, près d'Ibb, dans le centre du Yémen, entre des rebelles zaïdites et des islamistes sunnites, selon un responsable local.

Ces rebelles, qui contrôlent une partie du nord du pays depuis leur soulèvement contre Sanaa en 2004, se font désormais appeler Ansar Allah (partisans de Dieu) et accusent la puissante tribu des Al-Ahmar et son parti Al-Islah de rassembler leurs hommes armés à Amrane et Ibb.

Par ailleurs, deux bombes ont explosé lundi à Sanaa au passage de deux bus transportant des membres de l'armée de l'air et de l'académie militaire, a rapporté l'agence officielle Saba sans faire état de victime.

Les deux bombes --dont l'une a explosé sur la route de l'aéroport et l'autre sur la rue Al-Nasr, dans l'est de la capitale-- ont provoqué des dégâts mineurs, a ajouté l'agence qui, citant un responsable des services de sécurité, n'a fait aucune mention des auteurs éventuels de l'attaque.

Fin août, un attentat à la bombe contre un bus transportant des militaires de l'armée de l'air sur la route de l'aéroport de Sanaa avait fait un mort et 25 blessés.

Des attentats ont visé régulièrement ces deux dernières années des officiers yéménites à Sanaa et surtout dans le sud du pays, où le réseau d'Al-Qaïda est particulièrement actif.

Ces attaques sont perçues comme un moyen d'entraver le dialogue national, appelé à préparer l'élaboration d'une nouvelle Constitution et des élections pour février 2014.

«Il y a des tentatives de déstabiliser le Yémen et vouer le dialogue national à l'échec», a déclaré Mohamed al-Moqbeli, un représentant des jeunes au sein du dialogue.

Les représentants de la tendance modérée du Mouvement sudiste s'étaient retirés à la mi-août du dialogue, réclamant des excuses officielles pour la guerre ayant opposé le Nord au Sud en 1994 et formulant plusieurs demandes dont la poursuite du dialogue à l'étranger, plusieurs dirigeants sudistes vivant en exil.

Ils ont repris lundi leur participation, selon l'agence Saba.