Les députés jordaniens ont réclamé mercredi au gouvernement l'expulsion de l'ambassadeur israélien Daniel Nevo, après l'interpellation pour interrogatoire du mufti de Jérusalem, a rapporté l'agence de presse officielle Petra.

Le ministre de l'Intérieur Hussein Majali, également ministre des Affaires étrangères par intérim, a ensuite convoqué M. Nevo, a ajouté l'agence, sans plus de précision.

«Les (150 membres) de la chambre basse du Parlement ont exigé à l'unanimité que le gouvernement demande à l'ambassadeur israélien de quitter la Jordanie et rappelle l'ambassadeur jordanien en Israël», a ajouté l'agence.

«Le conseil des ministres a discuté ce matin de (la décision) de permettre à des colons juifs extrémistes de pénétrer sur le site de la mosquée Al-Aqsa et de l'arrestation du mufti de Jérusalem», a pour sa part indiqué le Premier ministre jordanien, Abdallah Nsour.

Il a déclaré aux députés que son gouvernement considérait de façon «très sérieuse» ces «violations israéliennes».

«La chambre basse du Parlement condamne l'escalade dangereuse d'Israël. Ses répercussions auront un impact sur l'ensemble de la région et créeront un nouveau cycle de violences», ont indiqué les parlementaires dans leur communiqué.

Ces déclarations sont intervenues avant la libération du mufti de Jérusalem, Mohammed Hussein, la plus haute autorité religieuse dans les Territoires palestiniens, après six heures d'interrogatoire sur son implication présumée dans des troubles sur l'esplanade des Mosquées.

Selon le ministre jordanien des Affaires islamiques, Mohamed Qoudah, «le plus dangereux développement a été quand des centaines de colons soutenus par l'armée israélienne sont entrés (sur le site d')Al-Aqsa ce matin».

«Israël a empêché des fidèles d'entrer dans la mosquée (et) prévoit de construire un pont reliant Al-Aqsa à des colonies proches», a-t-il affirmé.

En vertu d'un accord avec les autorités palestiniennes, la Jordanie est gardienne des lieux saints musulmans de Jérusalem.

A Washington, le département d'État a exhorté Israéliens et Palestiniens à respecter le «statu quo» sur l'esplanade des Mosquées.

«Nous sommes inquiets des dernières tensions autour du mont du Temple, Haram al-Sharif (le «Noble sanctuaire», nom que les musulmans donnent à l'esplanade), y compris la détention aujourd'hui du Grand mufti. Nous savons qu'il a été libéré, mais nous pressons toutes les parties de respecter le statu quo de ce lieu saint et de s'abstenir de commettre des actes de provocation», a réclamé le porte-parole adjoint du département d'Etat, Patrick Ventrell.

A Jérusalem, le président israélien Shimon Peres a affirmé, lors d'une cérémonie, que la paix avec la Jordanie était «chère» à l'État hébreu: «Je veux dire à haute voix que nous respectons tous les lieux saints et que nous les défendrons ainsi qu'il a été convenu dans l'accord de paix» de 1994 entre les deux pays.

A Gaza, le mouvement islamiste Hamas au pouvoir a salué la demande du Parlement jordanien et a appelé les pays arabes et islamiques à «isoler» Israël.

L'esplanade des Mosquées-- que les musulmans appellent le «Noble sanctuaire» (Haram al-Charif) et les juifs le «Mont du Temple», en référence aux deux temples juifs successifs, dont le principal vestige est le Mur des Lamentations -- est un lieu sacré pour l'islam comme pour le judaïsme et une source de tensions entre les deux communautés.