Un soldat de l'Isaf, force armée de l'OTAN en Afghanistan, de même qu'un civil travaillant pour elle et trois membres de l'armée afghane ont été tués dans l'est du pays dans une nouvelle attaque présumée de l'intérieur, selon des informations communiquées dimanche par l'Isaf et la police.

Sont appelés «tirs de l'intérieur» les tirs de policiers ou soldats afghans contre leurs frères d'armes de l'Isaf.

Un porte-parole de l'Isaf a indiqué qu'un soldat de l'OTAN et un civil travaillant pour la force internationale avaient été tués.

Selon Abdul Wali, le porte-parole de la police dans le Wardak, ces deux victimes sont des Américains, tandis que trois Afghans ont également perdu la vie et deux ont été blessés dans l'incident. Trois autres Américains ont été blessés, a-t-il précisé.

«Je confirme qu'il y a eu une "attaque de l'intérieur" après un clash entre des soldats de l'Isaf et de l'armée afghane» dans le Wardak, une province instable à l'ouest de Kaboul, a aussi déclaré à l'AFP le général Dawlat Waziri, un porte-parole du ministère de la Défense.

La nationalité des victimes étrangères ou les circonstances de l'incident n'ont pas été communiquées par l'Isaf, qui a parlé «d'une attaque de l'intérieur présumée».

L'incident s'est produit «après une dispute verbale entre les deux parties» samedi vers 17h30 locale, a expliqué Shahidullah Shahid, le porte-parole du gouverneur de la province du Wardak, une province instable à l'ouest de Kaboul.

L'OTAN estime que 25% des attaques de l'intérieur sont liées à l'infiltration d'insurgés dans les rangs des forces afghanes. Le reste des pertes est lié à des différences culturelles ou un ressentiment entre individus.

Cinquante-deux membres de la coalition de l'OTAN sont morts assassinés par des policiers ou des soldats afghans en 2012.

Ces attaques font des ravages au sein des forces afghanes et étrangères car elles minent la confiance entre les alliés.

Ces incidents sont particulièrement graves alors que la grande majorité des 112 600 soldats étrangers encore présents en Afghanistan rentreront chez eux d'ici à la fin 2014. La police et l'armée afghanes, à un moment crucial de leur formation, auront alors la charge de la sécurité de leur pays.

«Honnêtement, je suis fou de rage (au sujet des tirs de l'intérieur)», a indiqué le général John Allen, le commandant de l'Isaf, pour l'émission 60 Minutes de CBS qui doit être diffusée dimanche.

«Nous sommes prêts à beaucoup sacrifier pour cette campagne, mais nous ne sommes pas prêts à être tués pour cela», a-t-il remarqué, ajoutant que «la majorité des Afghans» étaient avec l'Isaf.

Les tirs de l'intérieur «nous compliquent singulièrement la tâche» car ils ont «miné la confiance qui doit exister entre les unités afghanes et celles de la coalition», a observé le général français Olivier de Bavinchove, chef d'état-major de l'Isaf et numéro 3 de la coalition lors d'un entretien à l'AFP.

«Une des raisons profondes des "green on blue" (leur nom anglais, NDLR), c'est beaucoup plus une question d'éducation. Les Afghans ont été habitués pendant des siècles à régler les conflits par la violence, y compris les conflits domestiques», a-t-il analysé.