Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a tenté mardi d'obtenir un répit face à la grogne sociale qui agite la Cisjordanie depuis une semaine, en promettant une baisse du prix de l'essence et de la TVA, jugée insuffisante par les syndicats.

Le chef du gouvernement israélien Benjamin Nétanyahou de son côté a «ordonné le transfert à l'Autorité palestinienne de 250 millions de shekels (63 millions de dollars) sur les produits des taxes collectées par Israël, en raison de la crise financière qu'elle traverse», selon un communiqué officiel.

«Le prix du carburant sera ramené à son niveau de la fin août», a promis M. Fayyad à l'issue du Conseil des ministres à Ramallah, après que le litre d'essence a bondi en deux mois de six à huit shekels (de 2 à 3 dollars).

Il a précisé que cette mesure serait effective dès mercredi pour le diesel, le gaz domestique et le kérosène.

Pendant la réunion, un millier de fonctionnaires, dont des enseignants en arrêt de travail, tenaient un sit-in devant ses bureaux pour réclamer une baisse des prix des denrées de base et du carburant.

A compter du 1er octobre, «nous réduirons la TVA à 15%, ce qui est le minimum possible pour nous en ce moment», a ajouté M. Fayyad. Et une partie des salaires des fonctionnaires pour le mois d'août seront versés mercredi, a-t-il poursuivi.

M. Fayyad a expliqué que ces mesures, de nature à alourdir le déficit budgétaire, seraient financées par «des coupes supplémentaires dans les dépenses des ministères et des institutions gouvernementales, à l'exception des ministères de la Santé, de l'Education et des Affaires sociales».

Toutes les nouvelles dépenses gouvernementales sont gelées jusqu'à nouvel ordre, a-t-il poursuivi.

Poursuite des débrayages

«Les mesures prises par Fayyad sont décevantes et ne satisfont pas même à une fraction de nos revendications», a déclaré à l'AFP le chef du syndicat des fonctionnaires, Bassam Zakarneh, qui réclamait une baisse de 30% sur l'essence.

«Les actions se poursuivent et nous aurons une réunion dimanche pour établir un programme qui pourrait aboutir à une grève générale», a-t-il ajouté.

Selon le porte-parole du syndicat des transports publics, Ibrahim Awadallah, «Fayyad n'a réduit le prix du diesel que de 7,15 à 6,85 shekels».

Il a annoncé à l'AFP une poursuite des débrayages mercredi et jeudi «et si le gouvernement ne nous répond pas il y aura une grève générale lundi».

En fin d'après-midi, quelque 400 manifestants sur la place Al-Manara, dans le centre de Ramallah, ont réclamé l'abolition du protocole de Paris.

Le ministre palestinien des Affaires civiles Hussein al-Cheikh, qui a saisi le 9 septembre le gouvernement israélien de cette question, a indiqué vouloir «une révision de l'ensemble du protocole parce qu'il régule tout le rythme de la vie économique palestinienne».

«De toute façon, sa validité a expiré en 1999», a déclaré le ministre.

Signé le 29 avril 1994, ce document accorde une liberté économique limitée aux Palestiniens. Il prévoit notamment la rétrocession par Israël des taxes perçues pour le compte de l'Autorité palestinienne, à laquelle il interdit de baisser les prix du carburant de plus de 15% par rapport à ceux d'Israël.

L'Autorité, confrontée à des difficultés budgétaires chroniques, traverse actuellement selon plusieurs ministres «sa pire crise financière» depuis sa création en 1994, en raison du maintien des restrictions israéliennes et du non-versement de l'aide promise par les donateurs, en particulier les États-Unis et les pays arabes.