La plus haute cour d'Israël s'est prononcée: trois colonies bâties sans autorisation doivent être démolies cet été. Les colons espèrent maintenant une nouvelle loi qui leur permette de rester sur place. Grève de la faim, manifestations: ils pressent le gouvernement de trouver une solution avant la date butoir.

La colonie de Migron est perchée sur une colline, non loin de la ville palestinienne de Ramallah. Son entrée est gardée en permanence par des soldats. Ses routes sont asphaltées. Les quelque 50 maisons mobiles sont reliées au service israélien d'électricité. Les deux garderies font l'objet d'inspections régulières.

Pourtant, Migron, en place depuis plus de 10 ans, est illégale aux yeux de l'État israélien. Comme environ 90 «avant-postes», elle a été bâtie en Cisjordanie sans autorisation gouvernementale.

Depuis plusieurs années, elle est au coeur d'un feuilleton juridique. Dans une réponse à la cour, l'État a admis qu'elle avait été construite sur un terrain privé appartenant à des Palestiniens - ce que les habitants de Migron réfutent - rendant son démantèlement obligatoire. En août dernier, la Cour suprême a demandé une évacuation avant la fin mars 2012. Le gouvernement et les colons ont alors conclu une entente pour un transfert progressif, avec pour échéance novembre 2015. La cour a rejeté le compromis, fixant la nouvelle date butoir au 1er août prochain.

Les quelque 300 habitants de Migron espèrent toujours pouvoir y rester. La construction de nouvelles structures est visible à deux kilomètres de la colonie, lieu choisi par le gouvernement pour leur transfert. Mais l'emplacement ne satisfait pas les colons.

«Nous n'aurions qu'un permis temporaire, donc nous ne savons pas ce qui pourrait arriver ensuite, dit Aviela Deitch, porte-parole de Migron. Il n'y a pas assez d'espace pour tout le monde. Et il y a aussi l'enjeu de la sécurité, puisque c'est près de la route (utilisée par les Palestiniens comme les Israéliens).»

La communauté espère qu'une proposition de loi, qui pourrait être déposée aujourd'hui à la Knesset, permette de légaliser rétroactivement leur avant-poste. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s'y est cependant opposé publiquement, tout en réitérant son soutien aux colonies.

Marche et grève de la faim

Ils ne sont pas les seuls à faire pression sur le gouvernement pour renverser l'ordre de la cour. Aussi bâties sans autorisation dans la même région, Ulpana, extension d'une colonie autorisée, et Givat Assaf doivent être démolies avant le 1er juillet et Amona, avant la fin de l'année.

Lundi, des colons ont entamé une marche de deux jours vers Jérusalem en signe de protestation. Une dizaine d'hommes sont en grève de la faim depuis la semaine dernière.

«Le gouvernement nous a dit que nous pouvions nous installer là (dans les avant-postes), pour des raisons stratégiques, affirme Yehuda Yifrach, qui vit dans la colonie d'Amona. Soudainement, nous apprenons que le gouvernement veut détruire Amona. Ça n'a aucun sens.»

En grève de la faim depuis une semaine, il a installé une tente devant la Cour suprême à Jérusalem, où il campe avec quelques sympathisants.

L'organisme Paix maintenant, à l'origine de l'action en cour contre Migron, notamment, reste sceptique sur les résultats de ces pressions. «Quand la cour dit quelque chose et que les politiciens se permettent de contourner l'ordre ou de faire passer une nouvelle législation, c'est scandaleux, dit la porte-parole Hagit Ofran dans une entrevue téléphonique. C'est difficile de croire que le gouvernement pourrait ne pas exécuter l'ordre de la cour. Nous nous retrouverions dans un tout autre Israël.»

L'organisme surveille de près les activités dans les colonies. La communauté internationale considère illégales toutes les implantations juives en Cisjordanie.

Les démolitions dans les avant-postes - la plupart du temps partielles - ont souvent créé des remous. Selon le quotidien Haaretz, la police israélienne aurait maintenant mis sur pied une unité spéciale pour ces évacuations.

EN CHIFFRES

Colons israéliens en Cisjordanie (excluant Jérusalem-Est)

En 2001: 200 000

En 2011: 310 990

Nombre de colonies autorisées par Israël

Environ 120

Nombre d'avant-postes

Environ 90

Nombre d'habitants dans les colonies avec ordre de démolition:

Ulpana: 50

Givat Assaf: 80

Migron: 300

Amona: 200

En 2011, le gouvernement israélien a légalisé 11 colonies bâties sans autorisation. En 2012, le gouvernement israélien a légalisé 3 colonies bâties sans autorisation.

Source: Peace Now