Plus de 2000 Palestiniens ont crié leur colère dimanche aux obsèques en Cisjordanie d'un manifestant, tué par une grenade lacrymogène tirée par l'armée israélienne, des funérailles suivies par des heurts avec les forces de l'ordre.

Moustapha Abderrazek al-Tamimi, 28 ans, a été inhumé dans son village de Nabi Saleh, près de Ramallah, où il avait participé vendredi à une manifestation hebdomadaire contre l'extension d'une colonie israélienne voisine, a constaté un correspondant de l'AFP.

Le jeune homme a été mis en terre, enveloppé d'un drapeau palestinien, accompagné par ses proches en larmes et la foule arborant des drapeaux palestiniens et des drapeaux du Fatah, le parti du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Certains participants scandaient «Notre riposte viendra cette nuit», et «Personne ne nous arrêtera», menaçant de se venger sur la colonie juive voisine de Halamish.

Un parlementaire palestinien, Walid Assaf, a cependant appelé la foule à «poursuivre la lutte pacifique contre la colonisation et l'occupation», sans recourir à la violence.

À l'issue de l'enterrement, plusieurs centaines de jeunes Palestiniens ont caillassé les soldats israéliens présents qui ont riposté à coups de grenades lacrymogènes. Cinq protestataires ont été légèrement blessés par des gaz lacrymogènes et des balles caoutchoutées, et soignés sur place, selon des témoins.

Le manifestant avait été mortellement touché au visage, sous l'oeil droit, par un cylindre de gaz lacrymogène.

Transporté par hélicoptère dans un hôpital israélien près de Tel-Aviv, il était décédé peu après.

Selon des témoins sur place et des photos distribuées peu après l'incident, Moustapha Abderrazek al-Tamimi avait été «touché à courte portée, d'environ 20 mètres», par une cartouche lacrymogène tirée depuis un véhicule en mouvement.

Trois autres Palestiniens avaient été blessés plus légèrement par des tirs de balles caoutchoutées.

Selon une porte-parole de l'armée israélienne, une centaine de Palestiniens avaient participé à une «manifestation illégale, au cours de laquelle ils avaient lancé des pierres sur les forces de sécurité, qui ont répliqué par des moyens anti-émeute».

Depuis la fin 2009, chaque vendredi après-midi, villageois, militants israéliens d'extrême gauche et activistes pro-palestiniens internationaux manifestent à Nabi Saleh pour dénoncer l'extension de la colonie juive voisine de Halamish.

Ces rassemblements sont fréquemment marqués par des affrontements entre protestataires et soldats israéliens, qui ont entraîné des centaines de blessés et des dizaines d'arrestations.

Selon le groupe de défense des droits de l'Homme israélien B'Tselem, M. Tamimi est la 20e personne à être tuée dans de ce type de manifestations en Cisjordanie ces huit dernières années.

B'Tselem a demandé à l'armée que «l'enquête de routine de la justice militaire sur cet incident ne porte pas seulement sur le soldat qui a tiré ou l'officier qui en a donné l'ordre», selon sa porte-parole Sarit Michaeli.

«Le plus grave, c'est que des militaires tirent régulièrement des grenades directement sur les manifestants palestiniens, au risque de les tuer, contrairement à leurs consignes,» a-t-elle précisé à l'AFP.