L'emblématique tente de la famille Shalit, à deux pas de la résidence de Benyamin Nétanyahou à Jérusalem, a finalement été démontée dimanche après avoir servi de lieu de pèlerinage aux sympathisants de Gilad Shalit, l'ex-captif de Gaza.

«C'est un des plus beaux jours de ma vie», déclare à l'AFP Ohad Kaner, qui a été pendant 15 mois le responsable de la tente.

Depuis l'installation des parents du jeune soldat, Noam et Aviva Shalit, dans cette tente en juillet 2010, des foules d'Israéliens ont visité quotidiennement le QG de la «campagne pour la libération de Gilad».

Les pans de la tente étaient recouverts d'affiches du jeune sous-officier israélien. Sur les murs voisins, des draps blancs avaient été tendus pour recueillir les messages de soutien.

«Gilad, nous prions pour toi», «Gilad, le peuple ne t'oublie pas», «Nétanyahou, si c'était ton fils, que ferais-tu?», lisait-on en hébreu, en anglais, en arabe, en français (Gilad Shalit a aussi la nationalité française).

Toute la journée, des bénévoles distribuaient des autocollants et des rubans jaunes, symboles de la campagne de solidarité. Des T-shirts à l'effigie du soldat, frappés du slogan «Gilad est encore en vie», s'échangeaient pour 20 shekels (environ 5,60 dollars canadiens).

Étape quasi rituelle pour les ministres, les diplomates et les dignitaires étrangers, la tente des Shalit était devenue un haut lieu touristique de Jérusalem-Ouest. À côté se dressait une seconde tente, fermée au public, où la famille se reposait, prenait ses repas ou prenait les nouvelles.

Installé tout près de la barrière de sécurité contrôlant l'accès à la rue où réside le premier ministre, comme pour se rappeler à son bon souvenir, le siège du comité de soutien de Galid Shalit fut au coeur d'un incessant va-et-vient.

Au-dessus d'un portrait du jeune homme, un panneau égrenait les jours de captivité. Tous les matins, à six heures et demie, Ohad Kaner venait changer la date avec le secret espoir de ne pas avoir à revenir le lendemain.

Ce directeur de projet de 32 ans a quitté son travail dès l'arrivée des Shalit à Jérusalem, à l'été 2010, pour se consacrer à «la mission» de gérer la tente et l'équipe de volontaires.

Ce dimanche, accompagné de quelques bénévoles, il vide la tente, sourire aux lèvres. «Cette tente a été le symbole du combat pour la libération de Gilad, le combat est terminé, nous fermons cette page d'histoire de l'État d'Israël», affirme-t-il.

Les bénévoles se prennent en photo, se congratulent, versent quelques larmes.

«Démanteler cette tente que nous avons construite de nos mains était notre rêve depuis un an et demi, c'est un grand moment de bonheur», témoigne Adi Phillips-Boren, 45 ans, chargée des repas pour les parents de Gilad Shalit et les bénévoles.

«J'ai donné tout mon temps pour cette cause, je vais enfin pouvoir reprendre une vie normale», explique-t-elle, précisant qu'elle aussi avait cessé toute activité professionnelle pour s'occuper de la tente.

Le jour de la libération de Gilad Shalit, mardi, elle s'est évanouie en voyant les images du soldat entouré de ses parents.

Seule une banderole reste accrochée devant la résidence du premier ministre, la dernière imprimée: «Comme il est bon que tu sois rentré à la maison».