Le Pakistan a vertement rejeté samedi les «allégations» des États-Unis selon lesquelles il entretient des liens avec le réseau Haqqani, qui est lui-même en relation avec Al-Qaïda, mettant en garde contre des accusations mutuelles «contre-productives».

«Nous rejetons fermement les assertions de complicité avec les membres de l'Haqqani ou de guerre par procuration» en Afghanistan, a déclaré le premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani dans une déclaration rendue publique par son bureau.

«S'accuser mutuellement est contre-productif (...) Cela profitera uniquement aux ennemis de la paix. Seuls les terroristes et les rebelles tireront des bénéfices de fissures et de divisions», a poursuivi M. Gilani.

«Les allégations (des États-Unis, NDLR) trahissent une confusion et un désarroi politiques au sein de l'establishment américain sur la marche à suivre en Afghanistan», a encore dit le chef du gouvernement.

Les États-Unis ont appelé vendredi le Pakistan à «rompre» tout lien avec le réseau Haqqani, en réaction aux menaces d'Islamabad de mettre fin à l'alliance entre les deux pays si Washington persistait à l'accuser de collusion avec cette faction des talibans afghans.

Plus tôt vendredi, la ministre pakistanaise des Affaires étrangères, Hina Rabbani Khar, avait affirmé à une télévision que son pays avait «fait passer aux États-Unis le message suivant : vous allez perdre un allié. Vous ne pouvez pas vous permettre de vous aliéner le Pakistan. Vous ne pouvez pas vous permettre de vous aliéner le peuple pakistanais».

La veille à Washington, le plus haut responsable militaire américain, l'amiral Mike Mullen, avait accusé Islamabad d'exporter, via ses services secrets, la violence en Afghanistan en y soutenant le réseau Haqqani, l'un des groupes les plus actifs au sein du mouvement taliban.

Jamais les États unis, auxquels le Pakistan s'est rallié lorsqu'ils ont envahi l'Afghanistan à la fin 2001, n'avaient accusé aussi directement les Pakistanais d'y être impliqués dans les attaques d'Occidentaux.