Le 17 juin, Manal al-Sharif, 32 ans, bravera tous les interdits et prendra le volant de sa voiture. En Arabie Saoudite, c'est un crime: les femmes n'y ont pas le droit de conduire. Du coup est née la comparaison avec Rosa Parks, cette Afro-Américaine qui, en 1955, s'était imposée dans la section réservée aux Blancs dans un autobus de l'Alabama.

Son geste avait mené à l'abolition de cette ségrégation un an plus tard. Manal al-Sharif n'est pas la première Saoudienne à dénoncer l'injustice dont elle est victime. Mais cette fois, l'internet aidant, sa campagne fait déjà beaucoup de bruit. Quatre mots pour comprendre.

Images

Il ne se passe pas grand-chose durant les 8 minutes 32 secondes que dure la vidéo publiée samedi dernier par Manal al-Sharif. On la voit au volant de sa voiture dans les rues de Khobar (est de l'Arabie Saoudite), discutant avec l'écrivaine et féministe Wajeha al-Huwaider, qui tient la caméra. Mais justement: le simple fait de conduire une voiture lui a valu dès le lendemain la visite des autorités, qui l'ont placée en détention jusqu'à jeudi. Les images mises en ligne par Manal al-Sharif sur YouTube ont été retirées, mais sa vidéo est facilement accessible par d'autres canaux. Son acte d'éclat a été repris: au moins une autre Saoudienne s'est fait filmer au volant par... son père.

Coutume

Selon Wajeha al-Huwaider, les autorités saoudiennes affirment qu'aucune loi n'interdit aux femmes de conduire une voiture. «Il s'agirait d'une coutume, a-t-elle déclaré à France24. Pourtant, si on conduit en ville, on peut se faire arrêter et mener au poste de police, ce qui semble contradictoire. D'autant plus que les femmes n'ont normalement pas le droit d'entrer dans un poste de police...»

Facebook

Même si les autorités ont fait fermer la page Facebook de Manal al-Sharif, au moins deux autres pages ont été créées pour diffuser son appel. Une autre appelle les Saoudiens prêts à défendre les conductrices rebelles, puis une quatrième demande au roi de libérer Manal al-Sharif. Des hommes déterminés à faire respecter la coutume ont aussi créé leur page.

Luttes

«Pourquoi donner autant d'importance au permis de conduire, alors que d'autres combats fondamentaux comme le droit de vote ou l'égalité juridique des hommes et des femmes devraient être menés en priorité?», demandent certaines féministes saoudiennes. Conduire une voiture n'est pas qu'un acte de liberté, réplique Manal al-Sharif, mais également de sécurité: toutes les Saoudiennes ne sont pas des «reines» qui peuvent se payer un chauffeur privé ou un taxi, dit-elle, et doivent s'en remettre à des étrangers pour les conduire.