Israéliens et Palestiniens se préparent à la reprise de leurs difficiles négociations de paix, suspendues depuis la dernière guerre de Gaza fin 2008, mais au niveau de discussions indirectes seulement, tant est grande la défiance entre les deux camps.

«Nous étions d'emblée favorables à des discussions de paix sans préalables. L'objectif est de commencer dans les jours à venir, au plus tard la semaine prochaine», a déclaré dimanche le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon.

«C'est un développement positif. Les Arabes aussi veulent sortir de l'impasse», a-t-il ajouté, au lendemain du feu vert de la Ligue arabe à ces pourparlers indirects, dits «de proximité», sous l'égide des Etats-Unis.

«Les problèmes sont loin d'être réglés. Mais, du moins, les négociations vont commencer», s'est félicité le chef de l'Etat hébreu Shimon Peres.

Les négociations doivent durer quatre mois.

«Nous sommes prêts à coopérer avec les Etats-Unis pour que les négociations avancent. Nous n'avons pas de divergences avec l'administration américaine. Nous avons des divergences avec le gouvernement israélien», a souligné le président palestinien Mahmoud Abbas, actuellement à l'étranger, dans une interview au quotidien palestinien Al-Ayyam.

«C'est un test pour la crédibilité de l'administration américaine et le sérieux d'Israël», a déclaré à l'AFP son porte-parole Nabil Abou Roudeina.

Le principal médiateur, l'émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell, est attendu dans la région «vers la fin de la semaine», selon Washington.

M. Mitchell rencontrera le président Abbas vendredi à Ramallah (Cisjordanie), a précisé dimanche le négociateur palestinien Saëb Erakat. Le comité exécutif de l'OLP se réunira le lendemain pour entériner la reprise des discussions.

En attendant, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se rend lundi en Egypte pour demander au président Hosni Moubarak de presser M. Abbas «d'aller de l'avant», selon une source officielle israélienne.

Selon le quotidien israélien Yédiot Aharonot, les pourparlers indirects -sous forme de navettes de M. Mitchell entre Jérusalem, Ramallah et Washington- «devraient aboutir dans quelques semaines à des réunions triangulaires».

Ils porteraient sur les questions clefs comme le tracé des frontières, le statut de Jérusalem, la colonisation juive ou le droit au retour des réfugiés palestiniens, d'après les médias.

Toutefois, peu d'analystes accordent la moindre chance à ces discussions.

Israël se refuse catégoriquement à stopper la colonisation à Jérusalem-Est, dont l'annexion par Israël en 1967 n'est pas reconnue par la communauté internationale, un gel toujours exigé par les Palestiniens.

La dernière tentative américaine de relancer le dialogue, en mars, a d'ailleurs échoué en raison de l'annonce d'un projet controversé de construire 1600 nouveaux logements dans un quartier juif de Jérusalem-Est.

«Sur le terrain, on n'empêchera pas la vie de continuer, car c'est une question de principe, voire de morale, qui est en jeu», a répété dimanche M. Ayalon, un «faucon» du gouvernement, à propos de Jérusalem.

D'après les médias israéliens, M. Netanyahu aurait cependant promis aux Américains des gestes envers M. Abbas, notamment le transfert sous son contrôle sécuritaire de nouveaux secteurs en Cisjordanie, la levée de barrages routiers et l'élargissement de prisonniers palestiniens.

M. Netanyahu s'est imposé la semaine dernière comme chef incontesté du Likoud (droite), en barrant la route au courant ultranationaliste pro-colonisation du parti lors d'un vote du comité central.

Ce faisant, il s'est assuré une marge de manoeuvre qui pourrait lui permettre de faire quelques concessions aux Palestiniens, selon certains commentateurs israéliens.