Les dirigeants palestiniens sont réunis mardi à Ramallah (Cisjordanie) pour décider de la prolongation du mandat du président Mahmoud Abbas afin d'éviter une crise politique et institutionnelle, sur fond de désaccord avec le mouvement islamiste Hamas.

Lors de sa réunion, qui prendra fin mercredi, le Conseil central de l'Organisation de libération de la Palestine (CCOLP), qui chapeaute l'Autorité palestinienne de M. Abbas, devrait proroger les mandats du président et du Parlement palestiniens, qui expirent le 24 janvier prochain, selon des responsables de l'OLP. Dans un discours d'ouverture, M. Abbas a réitéré son appel à la tenue d'élections générales mais sans avancer de date.

«Avec l'aide de Dieu, il y aura des élections législatives, c'est ce que nous appelons de nos voeux, et c'est ce qui doit se produire en dépit des obstacles posés par le Hamas», a dit le président palestinien.

La commission électorale palestinienne a recommandé le report des élections législatives et présidentielle en raison de l'impossibilité de les organiser dans la bande de Gaza contrôlée par les islamistes du Hamas.

Le Hamas et l'Autorité palestinienne sont à couteaux tirés depuis que le mouvement islamiste a pris le pouvoir par la force à Gaza en juin 2007.

Ce dernier, qui conteste la légitimité du président Mahmoud Abbas, a refusé de signer une proposition de «réconciliation nationale» inter palestinienne, mise au point par l'Égypte et qui prévoit de reporter le scrutin au 28 juin 2010.

Le mouvement islamiste argue qu'aux termes de la Loi fondamentale (constitution) palestinienne, le mandat de quatre ans de M. Abbas, élu en janvier 2005, a expiré depuis janvier 2009.

De leur côté, les responsables de l'OLP ont estimé nécessaire la réconciliation entre factions palestiniennes avant d'organiser des élections dans les territoires.

Marwan Barghouthi, le plus populaire des leaders palestiniens selon les sondages, actuellement en prison, a déclaré dans une interview à l'AFP que cette «réconciliation nationale» était une condition sine qua non à la tenue des élections palestiniennes.

«Les élections présidentielle et législatives doivent être organisées après la réconciliation et dans le contexte d'un accord national complet», a-t-il plaidé, en réponse à des questions écrites de l'AFP.

M. Barghouthi souhaite que le scrutin se déroule simultanément en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-est, et dans la bande de Gaza. «Sans cela, il sera difficile de tenir des élections, cela n'en vaudra peut-être même pas la peine», a-t-il précisé.

Très écouté, le chef du parti Fatah en Cisjordanie, âgé de 50 ans, a été condamné en juin 2004 à la prison à vie pour son rôle dans la seconde Intifada des années 2000.

De son côté, le premier ministre du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, s'est prononcé implicitement pour l'extension du mandat du Parlement palestinien --que le Hamas contrôle depuis 2006-- lors des célébrations de l'anniversaire du mouvement islamiste lundi.

M. Haniyeh a estimé que l'actuel président du Parlement palestinien, Aziz Doweik, un membre du Hamas, «doit rester le leader légitime de l'assemblée jusqu'à la tenue d'élections libres et honnêtes dans le cadre d'un accord de réconciliation nationale».

Ce statu quo semble convenir aux deux factions rivales, à l'Autorité palestinienne comme au Hamas.

«En l'absence de réconciliation sur le terrain, il est sage de conserver la situation telle quelle jusqu'à ce que les conditions soient réunies pour la tenue d'élections. Sinon, le pays sera plongé dans le chaos politique», a averti un député du Hamas, Mahmoud Ramahi.