Un mandat d'arrêt a été émis contre une députée du Parti islamique (sunnite) pour «financement du terrorisme», a déclaré samedi à l'AFP le juge irakien Ali al-Tamimi, alors que la formation politique y voyait des pressions du gouvernement à son encontre.

«Le tribunal de Khales a émis vendredi un mandat d'arrêt contre la députée Tayssir al-Machhadani et son mari Hicham al-Khiyali, membre du conseil provincial de Diyala, car ils sont soupçonnés d'avoir financé des activités terroristes contre les habitants de Khales», a affirmé le magistrat.

Le couple appartient au Parti islamique, proche des Frères musulmans, qui, avec 25 députés, est la principale formation sunnite. Le président du Parlement Iyad al-Samarraï en est l'un des chefs.

Située à 65 km au nord-est de Bagdad, la localité de Khales est en majorité chiite alors que son environnement est sunnite.

Selon le juge, «le mandat d'arrêt a été délivré après l'arrestation vendredi à Khales pour activité terroriste de Harb Hassan, également membre du Parti islamique, qui les a mis en cause».

Poue Sadek al-Moussaoui, conseiller provincial de Diyala sur la liste du premier ministre Nouri al-Maliki, «les forces de sécurité ne peuvent arrêter la députée avant que le parlement ne lève son immunité».

Le député du Parti islamique Nouredinne al-Khiyali a affirmé à l'AFP que ce mandat d'arrêt constituait «des pressions (du gouvernement) sur la présidence du Parlement dirigée par Iyad al-Samarraï (...) pour tenter d'empêcher l'audition de ministres».

Selon lui, le ministre du Pétrole Hussein Chahristani, qui doit être interrogé le 27 octobre par le parlement, «a refusé d'y aller en rétorquant qu'il s'y rendrait uniquement à la demande du premier ministre (Nouri al-Maliki). Or, ce dernier ne souhaite pas que les ministres appartenant au même groupe politique que lui soient interrogés».

M. Khiyali a assuré que le Parlement n'avait pas reçu de demande de levée d'immunité pour Mme Machhadani. Il a par ailleurs exclu qu'elle ait eu une activité terroriste alors qu'elle a été «elle-même la cible des terroristes».

Tayssir al-Machhadani avait été enlevée en juin 2006 puis libérée deux mois après. Les soupçons s'étaient alors portés sur un groupe radical chiite.

Un autre député sunnite de la région, Mohammed al-Daïni, est recherché pour «terrorisme».

Le 25 février, ce membre du Front du dialogue national, une petite formation sunnite, avait été empêché de fuir vers la Jordanie par la police aux frontières. Il avait toutefois réussi peu après à s'éclipser alors que le Parlement votait la levée de son immunité parlementaire.

Sur des vidéos présentées par les services de sécurité, son neveu assurait «avoir commis des dizaines de crimes» sur son ordre.