Après le choc de l'attentat suicide de dimanche, qui a fait au moins 41 morts, dont des commandants des Gardiens de la révolution, Téhéran a accusé les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Pakistan d'aider les rebelles sunnites de Joundallah, qui ont eux revendiqué l'attaque.

L'Iran va demander au Pakistan d'extrader Abdolmalek Righi, le chef de Joundallah, a déclaré lundi le général Mohammad Ali Jafari, le chef des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime.

Selon le gouverneur-adjoint du Sistan-Balouchistan, Jalal Sayyah, cité par l'agence Fars, l'auteur de l'attentat a «été identifié». En revanche, aucune arrestation n'a eu lieu et les complices ont sans doute quitté l'Iran.

Joundallah a de son côté revendiqué l'attaque survenue dans cette province du sud-est, en postant un communiqué sur des forums jihadistes.

Le groupe sunnite «déclare qu'un de ses membres courageux du Balouchistan (...) est parvenu dimanche (...) à tuer des dizaines de chefs et de membres des Gardiens de la révolution, de miliciens bassidjis (ndlr: milices islamistes) et des responsables des services secrets iraniens», est-il écrit, selon SITE, un centre américain de surveillances des sites islamistes.

Dans ce texte, dont l'authenticité n'a pu être vérifiée, le mouvement évoque les persécutions dont souffriraient les populations du Sistan-Balouchistan, qui compte une forte minorité sunnite.

«Au cours de la seule année écoulée, ce régime a, à lui seul, tué des centaines de jeunes de cette province (...), morts dans des raids, exécutés ou torturés», dit-il.

«Le crime de tous ceux qui ont été tués était d'être balouche et sunnite», ajoute-t-il.

Dans le même temps, les autorités, dont le guide suprême Ali Khamenei, ont à nouveau accusé Washington, ainsi que Londres et Islamabad d'aider les rebelles.

«Ces crimes terroristes révèlent la face diabolique des ennemis de la sécurité et de l'unité (de l'Iran) qui sont soutenus par des services de renseignement de certains pays arrogants», terme qui désigne habituellement les États-Unis, a déclaré dans une première réaction le numéro un iranien, cité par l'agence Isna.

Auparavant, le général Jafari avait affirmé qu'une «nouvelle preuve» avait été apporté quant au «lien direct entre le groupe abominable d'Abdolmalek Righi et les services de renseignements américains, britanniques et malheureusement pakistanais».

Il avait ajouté que l'Iran enverrait prochainement une mission au Pakistan «pour montrer ces nouveaux documents».

Dès dimanche, le ministre iranien de l'Intérieur, Mostapha Mohammad Najar, avait appelé son homologue pakistanais pour lui signifier «la vigoureuse protestation du peuple et du gouvernement iranien».

Le président Mahmoud Ahmadinejad était lui-même intervenu pour exiger que le Pakistan livre les responsables de l'attentat.

Ce même jour, l'Iran avait déjà accusé les États-Unis et la Grande-Bretagne d'entraîner et d'équiper les membres de Joundallah.

Washington et Londres ont nié toute participation.

L'attaque suicide de dimanche a décapité le commandement local des Gardiens de la révolution pour le Sistan-Balouchistan.

Joundallah a multiplié ces dernières années les actions armées de plus en plus spectaculaires dans cette province située à la frontière avec le Pakistan et l'Afghanistan et considérée comme la moins sûre du pays.

En mai, le groupe avait revendiqué un attentat à la voiture piégée contre une mosquée chiite de Zahedan, chef-lieu de la province, qui avait fait 25 morts.

En juillet, 13 membres du groupe ont été exécutés à la prison de Zahedan.

Les autorités iraniennes ont arrêté Abdolhamid Righi, le frère du leader du Joundallah, qui a été condamné à mort. Il devait être pendu en juillet mais Téhéran a retardé cette exécution.