Trois attentats ont ébranlé dimanche la ville de Ramadi, dans la province irakienne d'Al-Anbar, tuant au moins 19 personnes dans cet ancien fief de l'insurrection sunnite, théâtre d'un regain de violences depuis quelques semaines.

Deux voitures piégées ont explosée à la mi-journée à proximité d'un bâtiment public de la capitale provinciale, avant qu'un attentat suicide vise l'hôpital où avaient été transportées les victimes.

«Dix-neuf personnes ont été tuées dans ces attentats dont neuf policiers», a indiqué à l'AFP une source du ministère de l'Intérieur sous couvert d'anonymat. «Quatre-vingt-une autres personnes sont blessées et trente voitures ont été entièrement brûlées», a-t-il ajouté.

Selon cette source, 80% des blessés sont des policiers et 10% des blessés sont dans un état critique.

Le double attentat s'est produit pendant une réunion entre responsables de la province et des chefs tribaux dans un bâtiment du gouvernorat, a précisé un responsable de la police.

Selon un correspondant de l'AFP qui se trouvait sur place, une première voiture a explosé vers 12H30 (05H30 HAE) à une vingtaine de mètres du bâtiment, entraînant l'arrivée de pompiers et de la police.

Une seconde voiture piégée a alors explosé conduisant la police à mettre en place un périmètre de sécurité, alors que des restes humains jonchaient les sites des attentats.

Le gouverneur de la province d'Al-Anbar, Kassim Mohamed Abid, a indiqué à la chaîne télévisée Al-Jazira que les voitures piégées ne visaient pas directement le bâtiment mais avaient explosé dans un parking public.

«L'attaque eu lieu à 500 m de mon bureau. C'est un crime contre les civils. C'était un parking de voitures tout à fait ordinaire», a-t-il indiqué.

Peu de temps après, un attentat suicide a été perpétré à l'hôpital général de Ramadi, où avaient été transportées des victimes, et au moins deux personnes sont mortes et quatre autres ont été blessées, selon le responsable.

Le gouverneur-adjoint de la province, Hekmat Jassim Zaidane, a accusé la police de n'avoir «pas fait son travail» pour empêcher ces attentats.

«Les policiers ont été incapables d'assurer la sécurité des civils innocents, a-t-il dit à l'AFP. Quelqu'un, à l'intérieur de ses services est responsable de ses manquements».

Après les attentats, couvre-feu a été imposé sur la ville, la police empêchant toute entrée ou sortie de véhicules.

Ramadi se situe à une centaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad, dans la province majoritairement sunnite d'Al-Anbar, la plus grande d'Irak. La région fut longtemps un fief de l'insurrection après l'invasion américaine de 2003.

La violence a commencé à diminuer lorsque les chefs de tribus, las des attentats d'Al-Qaeda et encouragés financièrement par les Américains, se sont révoltés en septembre 2006 contre les jihadistes.

Ils ont formé les groupes de Sahwa (Réveil) pour combattre les émules d'Oussama ben Laden et, un an plus tard, la province était devenue l'une des plus tranquilles d'Irak. Les Sahwa sont depuis janvier sous le contrôle du gouvernement irakien mais la province est de nouveau la cible des jihadistes depuis le retrait des troupes américaines des villes irakiennes fin juin.

Le 6 octobre, sept personnes ont été tuées et 29 blessées dans un attentat à la voiture piégée près d'un restaurant et d'une mosquée à Amariyah, près de la ville de Falloujah.

La veille, cinq personnes étaient mortes lorsqu'un kamikaze avait actionné sa ceinture d'explosifs au milieu d'un cortège funéraire à Haditha (260 km à l'ouest de Bagdad).