L'envoyé spécial américain George Mitchell a réitéré vendredi le soutien de Washington à la co-existence d'un Etat juif et d'un Etat palestinien, à l'issue d'entretiens avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Mahmoud Abbas.

L'ex-sénateur américain, qui a multiplié ces derniers mois les navettes dans la région, a d'abord été reçu par M. Netanyahu dans «un climat productif et constructif».

Réagissant à l'attribution du prix Nobel de la paix à Barack Obama, «Bibi» Netanyahu s'est réjoui d'«oeuvrer en étroite collaboration» avec le président américain pour «faire avancer la paix et donner l'espoir aux peuples de la région».

Côté palestinien, M. Mitchell a discuté avec le président Abbas de la «vision commune d'un Etat palestinien indépendant et viable», une vision que partage «entièrement», a-t-il souligné, le président Obama.

«La seule solution réaliste à ce conflit est que les aspirations des deux camps se traduisent par deux Etats vivant côte à côte en paix et en sécurité et garantissant stabilité et prospérité pour les Palestiniens et les Israéliens», a ajouté M. Mitchell en reconnaissant «ne pas sous-estimer» les difficultés».

La mission de l'émissaire américain, qui a commencé jeudi et se poursuivra samedi, se déroule dans un climat pessimiste et personne ne s'attend à des progrès significatifs.

Le pessimisme se nourrit du regain de tension dans des quartiers arabes de Jérusalem, autour du conflit de l'esplanade des Mosquées, une poudrière politico-religieuse au coeur de la Ville sainte, et des divisions au sein de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.

Ce dernier est affaibli et sur la défensive, critiqué jusque dans son propre camp. On lui reproche d'avoir accepté, sous pression américaine et israélienne, le report du vote par l'ONU d'une résolution sur le rapport Goldstone accusant Israël de «crimes de guerre» pendant l'offensive à Gaza en décembre 2008-janvier 2009.

Face à la levée de boucliers, M. Abbas a dû opérer un humiliant revirement.

Dans une interview à un quotidien israélien, le roi Abdallah II de Jordanie a averti que l'impasse dans le processus de paix au Proche-Orient renverrait la région «dans les ténèbres».

Mais le bouillant ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a douché tout espoir de percée en affirmant qu'il ne croyait pas possible un accord global avec les Palestiniens.

«Ceux qui croient que l'on peut parvenir dans les prochaines années à un accord global qui signifierait la fin du conflit ne comprennent pas la réalité. Ils sèment des illusions et nous entraînent vers un conflit général», a-t-il dit jeudi.

Côté israélien, le ton est à la victoire. Benjamin Netanyahu n'a pas cédé un pouce de terrain sur la colonisation, dont les Américains réclamaient le gel.

Et certains responsables israéliens ne se privent pas de moquer ouvertement un président américain «naïf et irréaliste» au point, selon le quotidien Haaretz, de commencer à indisposer fortement l'administration Obama.

Même auréolé du prix Nobel de la paix, M. Obama a d'ailleurs été la cible de nouvelles critiques de la droite israélienne vendredi.

La décision d'accorder le prix à M. Obama constitue «une décision très étrange», a estimé vendredi le président de la Knesset (Parlement), Reuven Rivlin, membre du Likoud (le parti de M. Netanyahu), cité par la radio publique.

«Je crains que cela n'aboutisse à un accord imposé à Israël et on sait bien qu'une paix conclue sous la contrainte ne peut pas durer longtemps», a prévenu M. Rivlin.