Le chef de la majorité libanaise Saad Hariri, chargé samedi par le président de former un gouvernement, s'est engagé à rassembler les forces libanaises rivales, y compris le Hezbollah, dans un cabinet d'union nationale «harmonieux et opérationnel».

«Nous allons entamer des consultations avec tous les blocs parlementaires sur la base de notre engagement en faveur d'un gouvernement d'union nationale dans lequel tous les principaux blocs soient représentés, et qui soit harmonieux, opérationnel, et protégé de toute forme d'obstruction et de paralysie», a déclaré M. Hariri au palais présidentiel de Baabda, dans l'est de Beyrouth.

La présidence avait annoncé peu auparavant que le fils de l'ex-premier ministre Rafic Hariri, assassiné en 2005, avait été chargé de former un gouvernement.

«Conformément à la Constitution et après que le président eut consulté le président du Parlement et les parlementaires, il (le président Michel Sleimane) a convoqué Saad Hariri et l'a chargé de former un nouveau gouvernement», précise un communiqué de la présidence.

Cette décision était attendue depuis qu'une majorité des députés ont choisi vendredi M. Hariri, 39 ans, comme candidat pour cette fonction.

Sa «coalition du 14-Mars», soutenue par les capitales occidentales, a enlevé 71 voix sur 128 lors des législatives du 7 juin, contre 57 pour le camp mené par le Hezbollah et appuyé par la Syrie et l'Iran.

Soutenu pour le poste de premier ministre par tous les députés de son camp, M. Hariri a également reçu l'appui des députés du mouvement chiite Amal (minorité parlementaire) que dirige le président du Parlement Nabih Berri.

En revanche, le Hezbollah chiite et le mouvement de son allié chrétien Michel Aoun se sont abstenus.

Selon le système de partage du pouvoir au Liban, le poste de premier ministre est réservé à un sunnite, celui de président de la République à un chrétien et celui de président du Parlement à un chiite.

Chef du Courant du Futur, M. Hariri a exhorté ses partisans à ne pas manifester leur joie par des tirs en l'air, mais de nombreux feux d'artifice ont pu être entendus dans Beyrouth à l'annonce de sa désignation.

Saad Hariri a désormais la lourde tâche de constituer un gouvernement qui satisfasse la majorité comme ses rivaux de la coalition du 8-Mars, menée par le Hezbollah.

M. Berri, qui a été reconduit jeudi à la présidence du Parlement, a déclaré avoir appuyé la candidature de M. Hariri à la condition qu'il forme un gouvernement d'union nationale.

«Je veux voir un gouvernement où se mélangent le 14-Mars et le 8-Mars», a-t-il dit à l'AFP.

La composition du gouvernement a été abordée jeudi par M. Hariri et le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors de leur première rencontre depuis octobre.

La majorité refuse que la minorité dispose d'un droit de blocage, comme c'est le cas dans l'actuel gouvernement d'union.

Le bras de fer qui dure depuis quatre ans entre les deux camps avait provoqué en mai 2008 des affrontements qui ont fait une centaine de morts et fait craindre un retour à la guerre civile (1975-1990).

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a fait part samedi à M. Hariri de ses «voeux ardents de réussite».

«Le climat d'apaisement qui prévaut actuellement doit être maintenu et consolidé», a-t-il souligné.

Dès vendredi soir, les États-Unis avaient aussi félicité M. Hariri.

«Nous serons heureux de travailler avec lui et son gouvernement», a ainsi déclaré un porte-parole du département d'État, Philip Crowley.

M. Hariri, qui n'avait alors aucune expérience en politique, a repris le flambeau politique de son père après son assassinat, qui a bouleversé le paysage politique, portant pour la première fois au pouvoir une coalition antisyrienne, après une tutelle syrienne de 30 ans.